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Les pratiques

Grande-Bretagne Les financiers de la City en quête de sens

Les pratiques | publié le : 18.11.2008 |

Le coeur de la finance londonienne devrait perdre 62 000 emplois d'ici à la fin de l'année prochaine et payer au prix fort les conséquences de la crise. Les managers et les traders les plus déboussolés se tournent vers les psys ou vers Dieu.

Le nombre d'offres d'emploi dans le quartier des affaires londonien ne cesse de baisser. En recul de 14 % en septembre comparé au mois d'août 2008, la chute serait de 42 % comparé au mois de septembre 2007, selon le baromètre publié mi-octobre par le cabinet de recrutement et d'études Morgan McKinley, spécialisé dans les métiers de la finance. La faillite de certains établissements financiers est à l'origine de la contraction du nombre d'emplois. Mais le pire serait encore à venir : selon une étude parue le 13 octobre dernier, le CEBR (Centre for Economics and Business Research) estime à 62 000 le nombre de suppressions d'emploi dans la City d'ici à la fin de l'année prochaine ; 28 000 cette année et 34 000 en 2009, portant le nombre total d'emplois dans la City à 325 000, soit, approximativement, le même nombre qu'en 1998.

Licenciement minute

Dans ce paysage marqué par des vagues de licenciements massives, les salariés sur le carreau savent qu'ils auront du mal à retrouver rapidement un emploi. D'autant que les licenciements se font généralement sur un mode plutôt brutal : « Il n'y a pas de règles outre-Manche en matière de compensations. Le salarié licencié peut négocier plusieurs mois de salaire, mais à la condition qu'une clause de son contrat en fasse mention », explique un recruteur de la place londonienne. Et, bien souvent, un licenciement est réalisé en quelques minutes. « Mon équipe de trente personnes et moi-même avons été remerciés en deux heures », explique, par exemple, un cadre français de la finance qui vit à Londres.

Ces règles très individualisées de la relation de travail, bien que connues de tous, se cumulent avec le sentiment d'un avenir très difficile dans ce secteur. A tel point que des traders, de plus en plus nombreux, cherchent un soutien psychologique. Selon un psychologue, dont 90 % de la clientèle travaille dans la City, le nombre des personnes orientées vers des spécialistes de la santé mentale a récemment augmenté dans la cité des affaires de Londres en raison du stress et des angoisses liés aux licenciements. Le service d'aide psychologique The Samaritans a, de son côté, chiffré à 25 % la hausse du nombre d'appels téléphoniques à son antenne londonienne entre août et septembre derniers.

Recrudescence des fidèles

Autre recours : le Ciel. Située dans le quartier des affaires de Canary Wharf à Londres, l'église anglicane flottante de St Peter's - St Peter's Barge - a constaté, depuis le début de la crise financière, en septembre, une recrudescence des fidèles : trois fois par semaine, elle accueille banquiers, analystes et autres professionnels du secteur de la finance venus participer à l'office de la mi-journée. Soit près de 80 personnes et même plus en quête de repères après l'effondrement des marchés financiers.

Selon le prêtre qui y officie, l'église ne désemplit pas. Outre la perte de sens dans un secteur en débâcle, le prêtre explique la raison du succès de cette église par la nature même de son emplacement : « Beaucoup de personnes qui passent toute leur vie à ne faire que de l'argent commencent à se demander quel est le sens de la vie... et de leurs actions. »