logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L'actualité

La retraite des pilotes immobilise les avions Air France

L'actualité | publié le : 18.11.2008 |

La grève des pilotes d'Air France a tout du baroud d'honneur : le relèvement de l'âge de mise à la retraite d'office de 60 à 65 ans, examiné par le Sénat, sera bientôt imposé aux 27 Etats de l'Union européenne.

Plus de la moitié des avions d'Air France sont restés cloués au sol du 14 au 17 novembre. Lancé par le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), le mot d'ordre de grève a été largement suivi par les 4 150 pilotes de la compagnie, avant que les sénateurs examinent, le 19 novembre, l'article 61 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2009. Ce dernier porte sur l'âge de mise à la retraite d'office des pilotes de ligne, de 60 à 65 ans. « Le gouvernement s'était engagé, en décembre 2007, à ne pas reculer l'âge de départ en retraite des pilotes sans une concertation préalable, tempête Geoffroy Bouvet, porte-parole du SNPL. Le ministre du Travail a décidé de passer outre, alors qu'il n'y a pas urgence. »

Normes internationales

De fait, l'agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA) va porter l'âge maximal de cessation d'activité de tous les pilotes européens à 65 ans afin de se caler sur les normes internationales : cette décision s'imposera de plein droit aux 27 pays membres.

Cette grève « inutile et dangereuse » devrait coûter 100 millions d'euros à la compagnie, indique Jean-Cyril Spinetta. Un virement de bord inattendu du président du groupe Air France-KLM, qui avait, jusque-là, soutenu les revendications du syndicat de pilotes. « Et pour cause : les pilotes de KLM sont mis à la retraite d'office à 56 ans », ironise Geoffroy Bouvet.

Indemnités

L'ambiguïté de la position de Jean-Cyril Spinetta traduit bien la complexité du dossier. Car la mise à la retraite d'office à l'âge de 60 ans n'est pas forcément un cadeau. Ni pour les pilotes : certains, n'ayant pas leurs annuités, doivent reprendre du service dans d'autres compagnies. Ni pour Air France, qui doit les licencier, car ils n'ont plus l'autorisation de piloter et faute de pouvoir les reclasser. Une situation ubuesque qui fait le bonheur des compagnies d'Asie, du Moyen-Orient ou low cost, ravies de recruter pour cinq ans ces pilotes expérimentés, dont elles n'ont pas eu à financer les coûts de formation.

Un gâchis stigmatisé par Jean Serrat, pilote chez Corsair, qui a claqué la porte du SNPL pour fonder l'association PNT65. Son mot d'ordre est clair : « Pour la liberté de rester ou de partir ». « Le départ à la retraite d'office à 60 ans a été accordé aux pilotes d'Air France lors de la fusion avec Air Inter afin d'éviter que les pilotes de cette compagnie (plus «seniors») ne viennent ralentir la carrière des pilotes d'Air France, se souvient Jean Serrat. Il s'agissait d'acheter la paix sociale. » Et de souligner que l'équilibre du régime de retraite des pilotes est aussi en jeu.

Le SNPL pointe, en retour, les effets pervers du recul de l'âge de départ en retraite : « L'évolution du trafic aérien conduit à une réduction nécessaire des effectifs, explique Geoffroy Bouvet. Chez Air France, 300 pilotes sur 4 150 devraient partir, alors qu'il n'y a, actuellement, que 110 départs à la retraite par an. Faudra-t-il licencier les plus jeunes pour prolonger la carrière des anciens ? »