logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Un soutien à l'Europe de la connaissance

Enquête | publié le : 28.10.2008 |

Image

Un soutien à l'Europe de la connaissance

Crédit photo

Les 1,74 milliard d'euros affectés au programme Leonardo da Vinci sont destinés à soutenir la mobilité ou des projets innovants et internationaux dans les domaines de l'enseignement et de la formation.

Publics hétérogènes, objectifs intangibles : le programme européen Leonardo da Vinci n'est pas facile à appréhender. Consacré à l'enseignement et à la formation professionnelle, il recouvre trois grands champs d'activité : la mobilité (des apprentis, des demandeurs d'emploi, des salariés et des professionnels de la formation) ; l'ingénierie de formation ; et la création de partenariats internationaux.

Leonardo attire donc davantage les acteurs de la formation (prestataires spécialisés, établissements d'enseignement et universités, chambres consulaires) que les entreprises. C'est ainsi que l'Escem (Ecole supérieure de commerce et de management) de Tours-Poitiers a obtenu une subvention de 279 500 euros (sur une enveloppe globale de 391 000 euros) pour créer le réseau HeRmeS-R, en partenariat avec huit établissements de quatre autres pays (Belgique, Roumanie, Bulgarie, Portugal).

Responsabilité sociale

« A l'Escem, nous travaillons beaucoup sur la notion de responsabilité sociale des entreprises (RSE), dont nous voulons devenir l'un des principaux acteurs européens, explique François Silva, professeur à l'Escem et animateur de ce réseau. Nous nous sommes rendu compte qu'à travers l'Europe, les consultants spécialistes des audits RSE ont un niveau de formation et une culture RH très hétérogènes. »

Homogénéisation des pratiques

HeRmeS-R vise précisément à homogénéiser les pratiques et à créer une culture européenne de la RSE. François Silva l'admet volontiers : un tel projet serait impossible à mener sans soutien financier. Le programme Leonardo est donc providentiel... même s'il faut savoir le mériter : « Monter un dossier est extrêmement complexe et chronophage. Mais c'est aussi très structurant. Pour convaincre les évaluateurs de l'Agence Europe Education Formation, nous devons présenter un projet très clair, avec une méthodologie et des objectifs précis. »

Sixième projet

Un exercice qui ne fait plus peur à Michel Meuret, directeur de l'Ecole de langues de la chambre de commerce et d'industrie du Jura : il mène, aujourd'hui, son sixième projet cofinancé par Leonardo ! « Nous sommes dans une région industrielle, dans laquelle les entreprises travaillent souvent - en tant que sous-traitants ou donneurs d'ordres - avec des partenaires étrangers. Les agents de production sont régulièrement amenés à communiquer avec leurs homologues étrangers, ils doivent souvent réapprendre l'anglais et enrichir leur vocabulaire technique. »

Cados (Communiquer en anglais entre donneurs d'ordres et sous-traitants) est un programme d'apprentissage de l'anglais en blended learning (cours présentiels et multimédia) destiné aux salariés de l'industrie ou aux élèves ingénieurs de cinq pays partenaires (Allemagne, République tchèque, Finlande, Lituanie et Grande-Bretagne). Ce projet de 306 000 euros est financé à hauteur de 227 000 euros : « 300 000 euros, c'est à peu de chose près le chiffre d'affaires de notre école de langues, sourit Michel Meuret. Il est clair que sans subventions, nous n'aurions jamais pu monter un tel projet. »

Nouveau trait commun entre les quelque 300 projets sélectionnés et soutenus par l'Agence Europe Education Formation : innovants et à long terme, ils n'ont, en effet, guère de chances de s'autofinancer.

Leonardo en chiffres

→ 1,74 milliard d'euros de budget sur la période 2007-2013.

→ Entre 5 000 et 300 000 euros de subventions par projet (ce qui représente plus de la moitié du budget global de chacun d'eux).

→ En 2007, près de 300 projets ont été sélectionnés et soutenus à hauteur de 13 millions d'euros (c'est-à-dire plus de 40 000 euros par projet).

Formation : « L'effet déclencheur, c'est l'aide »

Au début des années 2000, les entreprises de Camdib, un réseau d'une trentaine de PME du secteur des métaux employant 855 salariés dans la région de Béziers, connaissent une forte croissance. « Elles ont alors compris que pour suivre les attentes de leur marché et anticiper les évolutions de leurs métiers, elles devaient faire monter en compétences leurs salariés », explique Patrick Faillenet, consultant du cabinet Almatec qui est intervenu auprès d'elles.

Réponse locale

Problème : les structures de formation adaptées se trouvent à deux heures de route. Il faut donc imaginer une réponse locale sur mesure, forcément plus onéreuse. Avec l'aide d'Agefos-PME, vingt entreprises du réseau s'engagent dans un EDDF (Engagement de développement de la formation). « L'EDDF a un double intérêt, il permet de mobiliser les moyens du FSE et, en s'étalant sur plusieurs années, il laisse le temps de concevoir des dispositifs collectifs d'ingénierie et de formation appropriés, plutôt que de prendre la formation catalogue », souligne Patrick Faillenet.

Conclu pour la période 2003-2005, l'EDDF a tellement bien fonctionné que les financements, y compris communautaires, ont été prolongés de deux années. Au total, 4,1 millions d'euros ont été dépensés dans des actions de formation ; 3,1 millions d'euros proviennent des contributions formation des entreprises, le reste est financé sur fonds publics, dont 82 % par le FSE au titre de ses programmes d'accompagnement des politiques publiques nationales. L'Etat et la région Languedoc-Roussillon financent le reste de l'EDDF.

Six-cent cinquante personnes ont ainsi été formées, soit plus de 75 % des salariés de Camdib. Environ 120 000 heures de formation ont été dispensées, dans des domaines techniques tels que le génie industriel et l'accompagnement de la production, et managériaux : informatique et systèmes d'information, gestion et management. Le programme de formation a également comporté un accompagnement individuel axé sur la VAE et l'évaluation individuelle des compétences, pour favoriser des stratégies de parcours individuel.

De 30 % à 50 % d'aides

La contribution à la formation dans les entreprises de Camdib, qui était déjà de 5 %, est passée à 10,7 %. « A priori, il paraît difficile d'investir autant de fonds dans la formation. L'effet déclencheur, c'est l'aide de 30 %, 40 % ou 50 %, selon les formations, grâce à l'EDDF », commente l'une des entreprises bénéficiaires.

Certaines PME sont allées plus loin. Ainsi, trois d'entre elles ont décidé de poursuivre la démarche dans une logique d'anticipation. Elles se sont lancées dans la constitution de référentiels de compétences assortis de fiches de poste et de dispositifs d'évaluation. L'objectif est de déboucher sur la mise en place d'une politique de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

MARIE-PIERRE VEGA