Choisie en 2007 pour assembler le successeur du Master, véhicule utilitaire de Renault, l'usine Sovab de Batilly (Meurthe-et-Moselle) a engagé un plan de formation d'un montant de 10 millions d'euros sur trois ans. Ce montant, qui inclut les salaires, les coûts de formation et les frais de déplacement, permettra d'adapter l'ensemble des 2 600 salariés du site aux ruptures technologiques et aux modifications de l'organisation du travail engendrées par le nouveau modèle.

Cette mise à niveau, essentiellement conduite en interne, aurait pu se dérouler sans aucune intervention publique, l'Etat ayant décliné la demande de subvention de Sovab. Cependant, soucieux de manifester son soutien à une entreprise qui a recruté quelque 1 800 personnes au cours des dix dernières années, le conseil régional de Lorraine a mobilisé son Fonds régional d'intervention pour la formation en entreprise (Frif), pour cofinancer la formation des ouvriers (agents de maintenance et opérateurs), soit environ 2 000 personnes.

« Les ouvriers constituent notre public prioritaire et nous nous attachons à développer leurs compétences pour sécuriser leur parcours professionnel », explique Laurence Démonet, vice-présidente du conseil régional de Lorraine, en charge de l'insertion professionnelle, de l'innovation sociale et du reclassement.

Gérée par la Direction des transitions professionnelles - unique en France -, l'aide prend la forme d'une subvention de 385 000 euros pour 2008 et de 500 000 euros pour 2009, soit 25 % de l'assiette éligible de 3,4 millions d'euros. La collectivité n'exclut pas de prolonger son action d'un an pour accompagner jusqu'à son terme le plan de Sovab, qui prévoit 188 000 heures de formation réparties sur 2008, 2009 et 2010.

L'essentiel de l'effort porte sur l'atelier de tôlerie, qui passera d'un travail essentiellement manuel à une automatisation presque complète ; et sur des réorganisations notables au montage et à la peinture. Variable en fonction des publics visés, la formation durera au minimum cinq jours et sera en grande partie conduite par des formateurs issus des équipes de Sovab et d'intervenants spécialisés venus d'autres sites de Renault.

Le conseil régional ne revendique aucun droit de regard sur la formation proprement dite, mais il conditionne son aide à l'acquisition de compétences nouvelles, au taux de réalisation du plan de formation, au taux d'obtention des qualifications recherchées et à l'évolution professionnelle des salariés concernés. « Le versement effectif des sommes prévues est soumis à un bilan de fin de parcours et suppose une forte logistique associée à la gestion de l'aide », souligne Nicolas Barrier, directeur des ressources humaines de l'usine.