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Enquête

Coup de pouce anti-inflation

Enquête | publié le : 21.10.2008 |

Pour compenser une inflation de plus de 3 %, les partenaires sociaux ont conclu une rallonge salariale pour 2008, à laquelle la direction a ajouté un supplément d'intéressement.

Le 2 octobre dernier, les partenaires sociaux de Snecma ont innové. Ils ont, en effet, conclu une augmentation salariale générale de 0,75 %, en complément des 3,1 % obtenus en février lors de la NAO 2008.

Son but ? Compenser l'inflation galopante de ces derniers mois. Si, pour beaucoup, le compte n'y est pas, l'ensemble des syndicats, à l'exception de la CGT, ont signé l'accord aboutissant à cette rallonge. L'accord de NAO, minoritaire, n'avait, lui, été paraphé que par la CFTC et la CFE-CGC.

Réponse à la grogne

« Ce supplément, applicable dès octobre, est une suite logique de ce qui s'est passé cet hiver, selon Marc Aubry, délégué syndical central CFDT. Les faibles augmentations avaient déçu les salariés, qui avaient vivement protesté. Devant cette grogne, la direction avait accepté une première fois de remettre la main à la poche et d'accorder une prime transport-énergie de 25 euros mensuels effective au 1er mars. »

Rencontres trimestrielles

Cette mini-crise a débouché sur une autre décision : l'organisation de rencontres trimestrielles entre les représentants de la direction et les coordinateurs syndicaux. Rendez-vous d'autant plus importants qu'une réorganisation de l'entreprise était programmée pour les mois à venir. « C'est dans ce cadre que nous avons alerté sur le dérapage de l'inflation et des tensions qui allaient en résulter chez les salariés », précise Marc Aubry. La direction aurait alors laissé entendre qu'elle pourrait faire un geste supplémentaire, mais sans s'engager formellement. Les syndicats signataires de la NAO avaient, eux aussi, demandé, à la rentrée de septembre, une disposition salariale spécifique, dans la mesure où la hausse des prix sur un an atteignait alors 3,6 %, tandis que le taux prévisionnel qui avait servi de base à la négociation de l'hiver était de 1,8 %.

Finalement, cette rallonge à hauteur de 0,75 % permet une augmentation, pour 2008, de plus de 4 % pour les plus bas salaires. Plus, si l'on compte le supplément d'intéressement au titre de l'exercice 2007, décidé unilatéralement par la direction, et versé en septembre. Ce plus équivaut à 0,5 % de la masse salariale, soit une prime allant, selon les salaires, de 168 à 200 euros brut. La direction s'est, en effet, saisie de la loi du 30 décembre 2006 sur la création d'un dividende de travail, pouvant prendre la forme d'un supplément d'intéressement.

Stratégie salariale globale

La direction de l'entreprise n'a pas souhaité détailler sa stratégie salariale, décidée, en l'occurrence, au niveau des 29 entreprises du groupe Safran. Une enveloppe complémentaire comme celle négociée chez Snecma il y a un mois l'est aussi, ou va l'être, dans chacune de ces sociétés.

Pour 2009, rien n'est encore décidé. Les négociations ne devraient pas débuter avant janvier. Il reste à régler, entre temps, la fusion avec Snecma Services et une partie d'Hispano Suiza. Mais, d'ores et déjà, une chose est sûre : ce coup de pouce de 0,75 % n'entrera pas en ligne de compte pour les syndicats. Il fait désormais partie du passé. Pour Dansou Gbenouvo, délégué syndical central CFTC, « les compteurs doivent être remis à zéro ».

Accor : le maintien du pouvoir d'achat passe par les primes

→ Le groupe d'hôtellerie, qui a accordé une prime exceptionnelle de 200 euros à la fin de l'année 2007 à 25 000 personnes dans le monde, utilise largement les éléments variables de rémunération comme compensation aux bas salaires.

→ Après une année 2007 unanimement qualifiée d'excellente - résultat net de 883 millions d'euros, en hausse de 76,2 % par rapport à 2006 -, le groupe Accor a distribué une prime collective aux salaires les plus bas. Pour un coût de 5 millions d'euros pour l'entreprise, 25 000 salariés dans le monde gagnant moins de 2 400 euros, dont 13 000 en France, ont ainsi bénéficié d'une prime de 200 euros à la fin de 2007.

→ Interrogée sur cette mesure exceptionnelle en août dernier, Kathy Kopp, la DRH d'Accor, reconnaissait, ainsi, un « moyen d'anticiper un mouvement sur le pouvoir d'achat que nous avons perçu dès la campagne électorale présidentielle ». Selon Doudou Konaté, le coordinateur CFDT du groupe Accor, le groupe d'hôtellerie est un habitué de ce type de coups de pouce salariaux sous forme de primes : une politique qui lui permet de « maintenir un maximum de salariés à un salaire proche du Smic afin de bénéficier d'économies de charges sur les bas salaires ».

→ Selon le représentant syndical, qui avance le chiffre de 55 % de smicards dans le groupe en France, les primes sont ainsi largement utilisées pour orienter les salariés des exploitations sur la voie de la pluri-compétence : selon les hôtels, un réceptionniste formé au service en salle bénéficiera, par exemple, d'une prime échelonnée entre 50 et 150 euros par mois.

→ Autre levier plébiscité par la direction, qui n'a pas souhaité s'exprimer sur cette question : les accords d'intéressement, dont les montants, similaires pour tous, favorisent particulièrement les bas salaires. Selon Doudou Konaté, les montants distribués tournent, bon an mal an, autour de 1 800 euros par salarié : « Les enveloppes - 15 millions d'euros en 2006 et 18 millions en 2007 - varient selon le nombre de bénéficiaires, et les objectifs cibles fixés par les accords sont généralement atteignables», explique le représentant syndical.