La figure du pauvre a longtemps coïncidé avec celle du sans-emploi, quelle qu'ait été la cause de son inactivité. Aujourd'hui, le travail peut non seulement se conjuguer avec la précarité, mais aussi avec la pauvreté.

C'est le lot des travailleurs saisonniers, à temps partiel, et, de plus en plus souvent aussi, malheureusement, de salariés à temps plein aux revenus insuffisants pour éponger le coût des transports et de la garde d'enfant, notamment dans le cas des familles monoparentales. Ces salariés sont, ainsi, de plus en plus nombreux à se retrouver dans l'impasse de fins de mois impossibles.

Jamais, donc, l'idée de travailler plus pour gagner plus et celle, plus générale, de récompenser le travail, ne pouvaient mieux tomber pour répondre à l'angoisse de ces personnes. A condition, toutefois, qu'il s'agisse d'une vraie reconnaissance et pas seulement d'un chiffon que l'on agite en période électorale pour attirer les votes.

Pour Denis Clerc, cette reconnaissance ne doit pas coïncider avec les aléas de la demande patronale, ici ou là, mais se décliner en termes de qualité d'emploi, c'est-à-dire de formations et de requalifications. Les heures supplémentaires pas plus que le RSA ne doivent permettre de passer à côté de l'investissement social qui donne à chacun les moyens de son autonomie.

Denis Clerc est économiste. Il a été rapporteur au Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) et a créé le mensuel Alternatives économiques.