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Les pratiques

Espagne Face à la crise, Seat passe aux licenciements à tour de rôle

Les pratiques | publié le : 14.10.2008 |

Le constructeur automobile espagnol, touché par la chute des ventes, doit trouver un autre moyen que la flexibilisation du temps de travail pour faire face à la crise et gérer sa surcapacité de production.

Les mesures de flexibilité mises en place par les entreprises et les syndicats ont déjà du mal à résister à la crise mondiale qui s'annonce. C'est le cas chez le constructeur automobile Seat, qui appartient au groupe allemand Volkswagen. Déjà touché par un ralentissement du marché mondial, le constructeur prévoit que la production, en 2009, dans son usine espagnole, passera de 484 000 unités à 403 000, soit une diminution drastique de 20 %. Dans ces conditions, le système de «bourse de jours», mis en place depuis 2003, et qui fonctionne aussi chez les autres constructeurs automobiles en Espagne, semble arrivé à bout de souffle.

Lisser les variations de la demande

Concrètement, selon le mécanisme de cette bourse, qui lisse les effets des variations de la demande, les travailleurs ne viennent pas en période de baisse d'activité tout en continuant à être payés de la même façon et, en contrepartie, travaillent davantage en période d'intense activité sans être payés en heures supplémentaires. « Cela fonctionne pour des petits pics de production et des baisses légères, inférieures à 5 %, voire 10 % », commente David Matellan, l'un des représentants du syndicat Commissions ouvrières chez Seat.

Mais, depuis 2003, la production ne cesse de diminuer. Cette fois, les responsables de Seat ont préféré utiliser les licenciements temporaires, forme de chômage technique, mais à tour de rôle ; 4 700 personnes devraient donc être des «licenciés temporairement», par roulement, durant cinq à dix jours d'ici à la fin de l'année, mais aussi durant 2009. Les salariés devraient toucher 70 % de leur salaire en indemnités de chômage, et Seat pourrait compléter jusqu'à 100 %, ce qu'elle a déjà fait par le passé.

Mais, pour l'instant, l'entreprise se refuse à payer cette soulte. La direction de Seat et les syndicats ont jusqu'au 23 octobre pour négocier. En cas de non-accord, c'est la région de Catalogne (où est implantée Seat) qui devra trancher pour contraindre ou non l'entreprise à payer un complément.

Des salariés «endettés»

« En ce moment, les travailleurs doivent des jours à l'entreprise, en particulier sur l'une des chaînes qui sera le plus touchée par ces licenciements temporaires. Si les travailleurs restaient et si la bourse des jours était utilisée, elle supposerait une dette de 50 jours des salariés envers la direction. Et cela n'est pas gérable. Jusqu'à 35 jours, en moyenne, le système peut fonctionner », assure David Matellan.

Difficultés financières possibles

Pour la direction centrale du syndicat Commissions ouvrières, cette proposition de licenciements temporaires masquerait des difficultés financières. « Ils tentent d'améliorer les comptes durant le dernier trimestre, estime Felipe Lopez, secrétaire général de la Fédération minéro-métallurgique de Commissions ouvrières. On ne peut pas implanter un système de flexibilité, l'utiliser quand la production augmente, puis licencier, même temporairement, quand elle diminue ; sinon, la culture du dialogue s'affaiblit. »