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Des démarches qui peinent à décoller

Dossier | publié le : 14.10.2008 |

L'intérêt des entreprises pour une prévention réfléchie va croissant. Pour achever de les convaincre, les différents prestataires s'efforcent aujourd'hui d'en calculer le retour sur investissement.

« Jusqu'à présent, les entreprises nous contactaient pour des actions de prévention ciblées, qui ne correspondaient pas forcément à la réalité ni à une attente des salariés et dont elles ne mesuraient pas l'efficacité, expose Jean-Philippe Maistre, directeur corporate santé d'Axa Assistance France. Nous les sentons aujourd'hui beaucoup plus à l'écoute et enclines à préserver le capital santé de leurs collaborateurs par une démarche pérenne. » Constat similaire chez Malakoff-Médéric, qui a lancé, en mars dernier, une campagne de prospection sur la prévention. « En retour, les entreprises ont été deux fois plus nombreuses que par le passé à saisir l'occasion d'un rendez-vous pour exprimer leur attentes », constate Anne-Sophie Godon, directrice prévention santé du groupe de protection sociale.

Motivations multiples

Les entreprises affichent des motivations multiples. La loi de modernisation du marché du travail, publiée au Journal officiel le 26 juin dernier (qui réduit la condition d'ancienneté et le délai de carence pour bénéficier de l'indemnisation complémentaire), ne semble toutefois pas être un facteur déclenchant. « Beaucoup d'entreprises sont déjà dans les clous par rapport à ces dernières évolutions réglementaires », estime Emmanuel Gineste, actuaire associé en charge du pôle prévoyance santé du cabinet Adding.

Outre la perception des enjeux financiers liés à une réduction de l'absentéisme, « certains dirigeants voient dans la prévention un élément d'attractivité dans un contexte de raréfaction des ressources. Ils commencent aussi à faire le lien entre les accidents du travail et l'état de santé de leurs salariés », expose Anne-Sophie Godon.

Risques psychosociaux

Du coup, le tabac et les conduites addictives, ainsi que les troubles musculo-squelettiques (TMS) figurent toujours en bonne place des problématiques abordées par les employeurs. Autres pistes suivies : l'alimentation et l'activité physique des collaborateurs. Mais le stress, et les risques psychosociaux en général, fortement médiatisés, sont désormais prépondérants. « Plus personne ne se sent à l'abri », commente Anne-Sophie Godon. Si elles en ont pris la mesure, les entreprises ont pourtant bien du mal à se saisir d'un problème qui reste éminemment complexe, y compris pour leurs assureurs...

Pour répondre aux interrogations de leurs clients et accompagner leurs demandes de prévention, voire la devancer dans les petites et moyennes entreprises, les différents prestataires en complémentaire santé mettent actuellement les bouchées doubles. L'année dernière, le groupe rhône-alpin de protection sociale complémentaire Apicil a fait rouler un bus de la prévention. Celui-ci intervient sur les lieux de travail pour informer les salariés sur différents thèmes et leur proposer un dépistage du glaucome (maladie du nerf optique). L'outil a dynamisé la prévention financée dans le cadre de l'action sociale du groupe, qui cherche à enrichir sa gamme de services (avec le stress en point de mire).

Cellules d'experts

Malakoff-Médéric vient, pour sa part, de développer un ensemble de boîtes à outils thématiques (le premier sujet retenu étant le tabac) pour faire avancer la prévention de manière concrète. Le groupe est également en train de se constituer une cellule d'experts pour renforcer ses compétences et réfléchit à l'élaboration de solutions plus globales. Financés en partie par l'action sociale du groupe, ces services pourraient prochainement devenir un élément à part entière des contrats complémentaires santé et prévoyance.

Pour la plupart des professionnels, il est surtout temps de poser le bon diagnostic, avant d'envisager une action de prévention utile et efficace sur le long terme. C'est l'objectif du «Programme personnalisé de prévention santé» mis au point par Axa Assistance : identification et priorisation des problématiques, accompagnement ad hoc sur site et à distance. Et, surtout, évaluation des progrès accomplis au bout de douze à dix-huit mois. Un service complètement déconnecté de la complémentaire santé.

« Nous voulons aujourd'hui mesurer le retour sur investissement des actions de prévention et montrer aux dirigeants ce qu'ils ont à y gagner tant en productivité qu'en amélioration du climat social », développe Jean-Philippe Maistre. Mesurer les bénéfices est, du reste, le seul moyen, pour Anne-Sophie Godon, de pérenniser la prévention dans les entreprises. « En clair, il faut lui trouver son modèle économique », conclut-elle.