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A 10 ans, la petite Smart rentre dans le rang

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 07.10.2008 |

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A 10 ans, la petite Smart rentre dans le rang

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L'usine Smart, ouverte en 1998, en Lorraine, n'est pas devenue le laboratoire d'innovations RH qu'elle comptait être. Mais elle demeure bien vivante, et c'est là l'essentiel aux yeux de ses salariés.

La petite voiture devait bouleverser le regard sur l'industrie automobile. Et ouvrir une nouvelle ère dans les relations sociales, riche en autonomie, voire en harmonie. Dix ans et un million de Smart produites à Hambach (Moselle) n'ont pas effacé la totalité des intentions, mais celles-ci ont été nettement édulcorées. « Les salariés se méfient beaucoup des discours de la direction », estime Jean-Luc Bielitz, délégué CGT.

Des débuts contrariés

Il faut dire que l'ambiance initiale d'euphorie s'est vite estompée, après des débuts pour le moins contrariés. En moins d'un an, la Smart a subi le retrait de Swatch, son coconcepteur avec Mercedes, deux semaines d'arrêt en raison de ventes décevantes, les premières rumeurs puis démentis sur la fermeture, enfin, une grève d'équipementiers entraînant quelques jours de blocage au montage.

Révélateur des risques inhérents au concept «Smart-ville» consistant à rassembler les principaux fournisseurs sur le site-même du montage, ce dernier événement, à l'automne 1999, a généré la création du «Forum social». Objectif, selon la direction : réunir à intervalles réguliers (six semaines environ) dirigeants et représentants du personnel de toutes les entreprises afin de créer un « esprit de site » et dialoguer sur les thèmes communs : évolution du marché ; animations sportives ; conditions de travail, etc. Mais le Forum ne s'est plus réuni depuis plusieurs années. « La direction en maîtrisait le calendrier et l'ordre du jour. Il procurait l'illusion du dialogue, mais sans les obligations réciproques, à la différence d'un comité de site, qu'il aurait été tout à fait possible de mettre en place », expose Bertrand Pederiva, délégué CFDT.

Pas d'harmonisation des rémunérations

L'harmonisation n'a pas davantage touché les politiques de rémunération. Jamais explicitement affiché, un tel objectif pouvait se justifier compte tenu de l'imbrication entre les entreprises. « Le principal point de rencontre, ce sont les négociations salariales annuelles de l'automne, et c'est, en général, Smart qui donne le ton », reconnaît la direction. Pour le reste, chaque entreprise applique son propre dispositif de participation (non généralisé) et ses critères d'intéressement, celui-ci se situant en moyenne à 12 % du salaire.

Relations sociales plus traditionnelles

Le «laboratoire social» perdure dans l'organisation des équipes de montage chez Smart. L'unité réduit les niveaux hiérarchiques et attribue un rôle clé à l'animateur d'équipe, qui gère le quotidien de ses collègues avec une certaine autonomie, moyennant une prime si tout fonctionne bien. Bémol selon les syndicats : il a tout d'un chef d'équipe, sauf la paie correspondante...

Faut-il regretter que les relations sociales aient rejoint le moule traditionnel ? Le personnel a tendance à répondre : pas vraiment. La pérennité de l'usine lui importe bien davantage, alors que, maintes fois, des rumeurs plus ou moins fantaisistes de cession ou de fermeture ont couru. L'avenir paraît dégagé aujourd'hui à Hambach. La petite voiture a trouvé sa place sur le marché, et l'usine pourrait faire ses premiers bénéfices dès cette année. Le site a stabilisé ses effectifs permanents à 1 660 salariés, un niveau proche des 1 800 de départ. Créations et suppressions de poste ont alterné au gré du plan de charge, la gestion du reflux reposant principalement sur l'intérim et les départs « plus ou moins volontaires », selon les syndicats.

L'emploi reste un sujet de préoccupation, mais la CGT oriente d'abord son discours sur le niveau de l'intérim, les salaires - déclencheurs d'une grève en octobre 2007 après plusieurs années de calme -, les cadences et la « pénibilité du travail ». Signe que l'heure est moins à l'alarmisme.

Bonne tenue de l'industrie

Bon an mal an, la petite voiture a joué son rôle espéré en 1998 de bouffée d'oxygène pour l'emploi local. « Deux tiers des recrutements au démarrage se sont effectués hors du bassin. Et le marché de l'emploi doit son amélioration à la bonne tenue en général de l'industrie, qui reste un pilier de l'activité locale », relativise Jürgen Becker, directeur de l'ANPE de Sarreguemines.