Pourquoi des entreprises comme Doux, Caisse d'épargne, Bouygues, Michelin, Panhard... envoient-elles certains de leurs cadres se former au leadership, à la cohésion d'équipe, à la gestion du stress et à la prise de décision en situation de crise chez Défense Conseil International (DCI), spécialiste du transfert du savoir-faire militaire français, lancé en juillet 2007, en partenariat avec la fondation Saint-Cyr ? En effet, 150 salariés de ces différentes entreprises ont suivi cette formation, depuis 2007, pour un coût stagiaire d'environ 1 000 euros par jour. Ces stages, d'une durée de deux à quatre jours, alternent mises en situation, debriefings, témoignages d'officiers d'active et apports théoriques. Selon les besoins de l'entreprise, les stages sont encadrés par des instructeurs du GIGN, de Saint-Cyr ou des commandos de marine...

Bertrand Dalle, responsable des méthodes de vente et de la formation chez Michelin, qui a suivi, l'an dernier, avec une douzaine de managers de vente, un stage de deux jours à Coëtquidan sur la «Médo» (méthode d'élaboration d'une décision opérationnelle), explique : « Nous cherchons sans cesse à structurer nos méthodes commerciales. Certains modes opératoires tactiques sont tout à fait transposables dans l'entreprise. Appliqués à un cas business, ils apportent des modes d'analyse, de ciblage et de construction de l'action très intéressants. Par exemple, identifier les points clés dans l'élaboration d'une approche client, déterminer l'effet majeur, qui, s'il est réussi, va nous mettre dans les meilleures dispositions pour atteindre notre objectif commercial. D'autres notions militaires peuvent également être utilisées telles que la recherche d'appui : quels services de l'entreprise vais-je pouvoir mobiliser pour m'apporter un soutien ponctuel ? ».

Thomas Gueudet, chef de projet à DCI, précise la méthode : « Pour mettre les stagiaires en situation et en rupture avec leur quotidien, nous leur faisons vivre les effets du stress selon différents scénarios militaires : course d'orientation de nuit ; franchissements de rivière ; exfiltration de ressortissants ; corps à corps ; etc. Il s'agit de leur apprendre à prendre des risques calculés et à fédérer les énergies face à l'adversité. »

« Il ne s'agit pas de faire de l'accrobranche ou d'une préparation militaire, mais bien d'une formation basée sur l'échange, conclut Xavier de Zuchowicz, directeur général de DCI. Après la phase terrain, les échanges permettent d'analyser les réactions des stagiaires, et des officiers viennent partager leur expérience du terrain. Les entreprises se rendent compte que, si elles ont de bons financiers, ingénieurs..., leurs cadres ont parfois tendance à perdre pied face à la crise. Elles sont donc avides de ces stages et d'échanges avec des officiers ayant réellement connu des crises. Ils y expliquent leurs réactions, bonnes ou mauvaises. »