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Se noyer ou déléguer

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 30.09.2008 |

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Se noyer ou déléguer

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Croulant sous la charge, certaines personnes reçoivent régulièrement ce conseil : tu devrais déléguer. « Encore faut-il avoir quelqu'un à qui déléguer ! », vous répondent-elles, énervées. Mais si elles explorent à peine ces possibilités, c'est aussi que certains freins les retiennent. Petite galerie de portraits.

Les maniaques du contrôle. Ils aiment maîtriser jusque dans les détails toutes les facettes d'un projet. Quand ils confient certaines tâches, ils gardent toujours la main. Ils ne «délèguent» pas, ils font faire par d'autres. De ce fait, ils préfèrent les serviteurs dédiés et fiables aux collaborateurs autonomes. Un conseil, avant d'agir, mieux vaut leur demander l'autorisation ! Mais ne leur dites pas qu'ils ne délèguent pas ou qu'ils aiment contrôler les choses, ils se vexeraient.

Les amoureux de leur travail. Pour ceux qui adorent ce qu'ils font, confier ces tâches à d'autres, c'est un peu lâcher leur bébé. Ils trouvent mille excuses pour ne pas le faire. Après tout, c'est par le travail qu'ils se réalisent. Et ce projet particulier que vous leur suggérez de déléguer, justement, ils y tiennent. Il faut vraiment qu'ils n'en puissent plus pour lâcher des choses... et, quand ils s'y résolvent, c'est la mort dans l'âme. Il ne reste plus qu'à leur démontrer qu'en dégageant du temps, ils pourront se consacrer à d'autres activités passionnantes, mais ce n'est pas gagné.

Les intuitifs centrés vers l'action. Ceux-là tirent leurs meilleures idées de leurs contacts terrain et de la perception des signaux faibles. Déléguer les tâches quotidiennes, c'est les priver de leurs capteurs. Ils craignent de ne plus avoir d'idées, de ne plus savoir décider de façon pertinente, ou encore de s'ennuyer dans leur bureau sans rien d'intéressant à faire. Beaucoup de responsables de PME appartiennent à cette catégorie. Ils connaissent leur entreprise à fond et veulent rester dans le quotidien opérationnel pour entretenir un fonctionnement personnel qui les a fait réussir.

Les inquiets. Avoir la main sur l'ensemble des tâches qu'ils doivent mener à bien est le seul moyen qu'ils connaissent pour se rassurer. Déléguer, c'est perdre de la visibilité : ils ne savent plus ce qui se passe, ce que font les autres ni comment ils s'y prennent. Le résultat pourrait en pâtir, alors qu'ils s'en sentent responsables... Bref, déléguer les angoisse et, quand ils tentent l'expérience, c'est vraiment éprouvant. Ils constituent sans doute la plus grosse catégorie des «peu doués pour la délégation».

Les perfectionnistes. Ils ont tellement besoin que les choses soient faites à leur manière, au détail près, qu'ils ne trouvent personne pouvant le faire aussi bien qu'eux. D'ailleurs, leur idée de la perfection est très personnelle : même si le client n'y voit aucune différence, ils insisteront pour que leurs collaborateurs refassent une tâche insuffisamment bien faite à leurs yeux. Le problème est que leur exigence s'applique aussi bien aux priorités qu'aux détails sans importance. Difficile pour l'entourage...

Alors, bien sûr, si vous êtes inquiet, intuitif centré sur l'action et, de surcroît, perfectionniste... est-ce grave docteur ? Rien ne résiste à une personne déterminée qui souhaite s'améliorer, mais, sans une transformation profonde de vos schémas mentaux, la délégation risque de rester un point faible, donc de limiter votre progression.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <lesagetconseil@wanadoo.fr>