« Travailler plus, oui, travailler mieux aussi. » Le ministre du travail Xavier Bertrand a encore du pain sur la planche pour convaincre les organisations d'investir massivement dans la prévention des risques professionnels. Les statistiques 2006 de la santé au travail, présentées par le ministre, le 16 septembre, devant le Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels, montrent à quel point la politique volontariste du gouvernement doit encore se matérialiser dans les faits.

Si les accidents du travail avec arrêt restent stables (700 772 dans le secteur privé ; + 0,2 % par rapport à 2005), leur fréquence est en progression, soit 39,4 accidents avec arrêt pour 1 000 salariés, contre 39 en 2005. Les hommes se situant dans la tranche d'âge de 40-49 ans en sont les premières victimes.

Pour la première fois depuis cinq ans, le nombre d'accidents du travail graves recule sensiblement, avec une baisse de 10,3 % en 2006. Mais cette bonne nouvelle est aussitôt contrecarrée par une autre, plus dramatique : la hausse importante (+13,3 %) du nombre des accidents mortels. En 2006, 537 salariés ont perdu la vie en raison de leur activité professionnelle. Un chiffre qui contraste avec celui des accidents mortels en baisse depuis dix ans.

Les accidents du travail mortels ont surtout concerné les secteurs du bâtiment (+53,4 %), des travaux publics (+48,1 %) et de la chimie (+50 %). « Cette hausse, que j'espère seulement conjoncturelle dans ce contexte d'amélioration générale, est bien le signe que nous ne devons jamais relâcher nos efforts », a souligné Xavier Bertrand.

La remarque du ministre vaut également pour les maladies professionnelles, dont on connaît l'ampleur de la sous-déclaration (voir l'article sur le rapport de la commission Diricq, Entreprise & Carrières n° 918). Selon le bilan de la Cnamts, qui concerne, lui, l'exercice 2005, le nombre de maladies reconnues comme étant d'origine professionnelle a progressé de 10,07 %, avec 52 979 reconnaissances.

Les cas de troubles musculo-squelettiques et les cancers trustent l'essentiel des pathologies professionnelles déclarées et reconnues. Ainsi, les affections périarticulaires représentent 71 % des maladies professionnelles en 2005. L'amiante, les poussières de bois et le benzène sont les principales causes de cancer.

Selon le bilan gouvernemental, le coût total des pathologies professionnelles indemnisées a atteint 1,733 milliard d'euros en 2006, contre 421,11 millions d'euros en 1997. Dans le secteur public, 39 082 accidents du travail ont été enregistrés en 2005 (+9,9 %), tandis que 1 399 maladies professionnelles ont été reconnues, contre 969 en 2004.