logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Suède Les syndicats suédois en campagne pour regagner leurs adhérents

Les pratiques | publié le : 16.09.2008 |

Alors que le gouvernement de centre-droit a rogné les avantages fiscaux liés à l'adhésion syndicale, les organisations de salariés multiplient les campagnes de recrutement et offrent des promotions sur l'adhésion.

Le mouvement syndical suédois est en crise. Selon les normes du royaume nordique en tout cas. LO, la plus grosse des confédérations suédoises, celle qui organise les cols bleus par le biais de quinze fédérations, n'a plus qu'un taux d'adhésion de... 73 % parmi l'ensemble des ouvriers et employés suédois. Pour les syndicats français, qui ne rassemblent que quelque 8 % des salariés, ce serait déjà un eldorado.

Une représentativité primordiale

« En Suède, la législation du travail est relativement légère. Le marché du travail est essentiellement réglé par les accords collectifs négociés entre le patronat et les syndicats, sans intervention du gouvernement, explique Jonas Ivman, coordinateur des actions de LO pour regagner les adhérents perdus. La représentativité des syndicats est donc primordiale pour obtenir de bonnes conditions. »

Les fédérations suédoises sont également des syndicats de service qui offrent à leurs adhérents des avantages tels que la location d'appartements de vacances, des assurances habitation, des prêts bancaires à taux préférentiel, des tarifs réduits pour l'électricité, mais aussi la gestion d'une caisse de chômage.

Déduction fiscale supprimée

Seulement, depuis deux ans, avec l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de centre-droit qui a supprimé la déductibilité fiscale de l'adhésion aux syndicats et des cotisations de chômage, LO a perdu 120 000 membres. Outre les mesures fiscales, l'augmentation très sensible de la cotisation aux caisses de chômage a freiné les adhésions. Même si la tendance à la baisse était déjà engagée depuis 1994, alors qu'au sortir de la crise financière, la syndicalisation culminait à 86 %.

Une campagne d'adhésion

Mais LO a bien l'intention de « stopper l'hémorragie » et même de regagner le terrain perdu. Handels, l'une de ses plus grosses fédérations, qui organise les salariés de la distribution, a perdu 20 000 membres depuis début 2007, soit plus de 12 % des adhérents. Elle espère en regagner 16 000 dans les trois ans grâce à la stratégie lancée, en ce début septembre, dans les trois principales villes, Stockholm, Göteborg et Malmö.

Vingt-six recruteurs ont été embauchés et formés. Ils démarchent dans les grandes galeries commerciales où ils ont loué des emplacements et installé des stands d'information. Et ils font le tour des boutiques pour inciter les salariés à venir s'informer. Objectif de cette première campagne : 3 000 nouveaux adhérents en deux mois. Handels a également offert des réductions sur l'adhésion et ne fait payer que la cotisation à la caisse de chômage, soit 305 couronnes (32 euros mensuels). Les deux premiers mois, la cotisation au syndicat, qui atteint, suivant le salaire, entre 100 et 150 couronnes par mois (entre 10 et 16 euros), est offerte. « Si nous remplissons notre objectif de recrutement sur trois ans, cet investissement sera largement rentabilisé », note Lars Jönsson, chargé du dossier chez Handels.

Etre visible

Stratégie différente chez IF Metall, une autre grande fédération de LO, qui a renoncé aux «offres promotionnelles». « Nous sommes arrivés à la conclusion que ce qui fait vraiment la différence, c'est d'être visible », souligne Inga-Lill Samuelsson, déléguée d'IF Metall à Göteborg. A l'automne 2007, IF Metall a décidé d'investir 15 millions de couronnes (1,6 million d'euros) sur deux ans pour recruter de nouveaux membres. Tous les départements ont été mis à contribution pour fournir des idées et des projets. Outre les cercles d'études qui ont souvent la faveur des Suédois, IF Metall produit du matériel destiné aux futurs délégués. Car la nouvelle orientation consiste essentiellement à recruter des membres dans les petites entreprises, jusque-là délaissées par la confédération. Là aussi, IF Metall missionne des recruteurs chargés de prendre leur bâton de pèlerin et de visiter ces PME pour y dénicher d'abord un délégué syndical puis des adhérents.

« Aucune mesure en particulier ne suffit, toutefois, à recruter massivement de nouveaux adhérents. On ne croit pas à une solution miracle », insiste Jonas Ivman, de LO. TCO, l'autre grande confédération qui organise les cols blancs, a, de son côté, lancé une campagne publique destinée à comprendre comment les gens veulent changer le syndicat et transformer sa nature.