Mauvaise rentrée pour l'intérim : après un début d'année chaotique, le travail temporaire connaît une forte dégradation au deuxième trimestre 2008, avec 55 500 postes en moins. Du jamais vu sur un trimestre, selon l'Unedic. Les chefs d'entreprise semblent plus attentistes, hésitant à embaucher, même provisoirement.

Cette crise se répercute immédiatement sur l'ensemble des secteurs économiques. Pour la première fois, l'industrie emploie moins de 20 % des salariés du privé en France. Elle en occupait 40 % fin 1976. La construction affiche encore un solde positif au deuxième trimestre (+ 12 800), mais le recul de l'emploi intérimaire dans ce secteur, touché par la crise immobilière, laisse présager un ralentissement. Le tertiaire, habituellement en bonne santé, voit, lui aussi, sa situation se détériorer. Au total, l'emploi salarié dans les entreprises du secteur privé a baissé de 0,1 % au deuxième trimestre 2008 (- 19 100 postes), selon l'Insee.

L'Unedic, au champ statistique plus étroit que celui de l'Insee, fait état d'un « renversement de tendance » sur la même période avec 35 000 pertes nettes d'emploi (- 0, 2 %, comparé au premier trimestre). Du coup, le régime d'assurance chômage va vraisemblablement revoir à la baisse, mi-octobre, son pronostic de créations d'emploi en 2008. A peine 35 000 emplois ont vu le jour sur l'ensemble des six premiers mois, alors que l'Unedic tablait, en juin, sur quelque 119 000 créations en 2008. Un objectif désormais « inaccessible », selon Bernard Ernst, directeur des études et des statistiques.