L'entreprise est aujourd'hui une nébuleuse. Elle gère plus de salariés sous-traitants que de salariés qui lui sont propres. Une sous-traitance qui déploie en cascade la précarité des salaires et de l'emploi, mais qui, aussi, clive le salariat et contribue à ruiner l'influence syndicale.

Dans les grands chantiers, par exemple, cohabitent parfois quinze ou vingt conventions collectives différentes, ce qui pose la question de la pertinence de cet outil pour la régulation sociale. Peut-on accepter que des salariés qui effectuent le même type de travail pour la même entreprise soient traités de manière différente ? Comment ne pas s'interroger sur la pertinence de l'action syndicale, souvent crispée sur les acquis sociaux des catégories de travailleurs qu'elle défend ?

Si Henri Vacquin, tombé dans le chaudron du mouvement ouvrier quand il était petit, ne désespère pas du syndicalisme, c'est qu'il ne peut pas imaginer la démocratie sans cette composante. Mais, du fait des nouvelles structures du travail, le syndicalisme est, selon lui, devenu fragile, voire mortel. Il est donc de la responsabilité des grandes centrales syndicales de travailler ensemble à l'émergence de nouvelles formes de lutte adaptées aux nouvelles formes du salariat.

Henri Vacquin, expert en relations sociales, est directeur de Metis-Correspondances européennes du travail.