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Les cadres âgés de 35 à 40 ans n'acceptent plus ce qu'enduraient leurs aînés

L'actualité | L'interview | publié le : 09.09.2008 |

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Les cadres âgés de 35 à 40 ans n'acceptent plus ce qu'enduraient leurs aînés

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E & C : Les cadres sont-ils vraiment des rebelles, comme le suggère le titre de votre livre* ?

D. C. : Notre ouvrage est fondé sur des témoignages réels de managers qui sont entrés en résistance. Ces histoires mettent en jeu des cadres compétents qui étaient sur une rampe professionnelle ascensionnelle. La première forme de rébellion que nous avons identifiée concerne le manager qui refuse une promotion ou une mission gratifiante parce qu'il la considère irrespectueuse.

Typiquement, il peut s'agir d'une proposition qui va contraindre la personne à s'éloigner de son univers familial, alors qu'il vient justement d'avoir un enfant, ou d'une mission dont les objectifs sont contraires à ses valeurs. Bien évidemment, en cas de refus, le cadre quitte l'entreprise, mais cette décision lui sert généralement de tremplin pour la suite de sa carrière.

Nous trouvons également une seconde sorte de rébellion avec des cadres qui transgressent les règles internes de l'entreprise. Par exemple, des managers n'hésitent plus à court-circuiter leur n + 1 pour reporter directement au Pdg.

Enfin, nous avons mis en avant dans notre recherche l'existence de poches de résistance collective dans les entreprises. De manière temporaire, des cadres vont se regrouper pour contester les décisions de leur hiérarchie. Il s'agit d'une résistance experte et créative, avec des managers qui s'échangent des informations, qui rédigent des rapports très détaillés sur les raisons qui justifient leur action. Dans bien des cas, les directions générales finissent par les écouter et par reconnaître leurs erreurs.

E & C : Ces formes de résistance se développent-elles ?

D. C. : Nous avons lancé un programme de recherche, puis, prochainement, un site web, pour tenter, justement, de quantifier ces phénomènes. Nous avons, toutefois, le sentiment que ces manifestations se multiplient dans les entreprises, notamment pour une raison d'ordre générationnel. Les cadres qui ont entre 35 et 40 ans n'acceptent plus ce qu'enduraient leurs aînés. On répète aux managers «soyez acteurs de votre carrière ! ; ils prennent cette incantation au mot.

E & C : Comment les DRH et les syndicats réagissent-ils par rapport à ces contestations ?

D. C. : Dans certaines entreprises, les DRH ont conservé une vigie sociale. Ces mouvements de résistance sont au moins analysés. Mais la très grande majorité des employeurs ont une perception négative de ces nouvelles formes d'expression parce qu'ils ont une vision dépassée des modes de management. Quant aux syndicats, ils se montrent très intéressés par ces phénomènes dont ils sont, pour le moment, complètement exclus.

* Auteur, avec Jean-Claude Thoening, de Quand les cadres se rebellent, éd. Vuibert, 2008, 192 p., 19 euros.

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