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Enquête

Un canal de recrutement viable ?

Enquête | publié le : 09.09.2008 |

En un an, une dizaine d'entreprises ont tenté de faire de Second Life un nouveau canal de recrutement, en y organisant des rencontres virtuelles avec des candidats. Nouvelle voie ou simple gadget ?

En un an, l'évidence s'est imposée pour les entreprises qui l'ont testé : l'univers virtuel de Second life, né il y a cinq ans, n'est pas idéal pour recruter. Depuis juin 2007, Areva, Alstom, L'Oréal, CapGemini, Logica France, Converteam, Euriware, GE Energy, Gaz de France, la Française des jeux, Teamlog, Axa et le groupe Caisse d'épargne s'y sont essayés, au cours de trois sessions d'entretiens virtuels organisées par l'agence de communication RH TMPneo.

De son côté, Kobaltt a ouvert son agence de recrutement virtuelle sur Second Life en octobre dernier, où son avatar en charge du recrutement « rencontre au quotidien les candidats-avatars, et s'entretient avec eux, à partir de leur CV déposé au préalable », précise Ahmed Otmane, président du groupe Kobaltt.

Peu d'effets

Or, l'effet recrutement a été peu important. En passant par TMPneo comme intermédiaire, les entreprises ont déboursé chacune 20 000 euros, l'agence de communication en RH prenant en charge l'organisation des entretiens virtuels, l'ouverture des «pavillons» des entreprises dans Second Life, et la formation de leurs recruteurs.

Un process beaucoup plus long

Elles affichent des taux de recrutement similaires, voire inférieurs, à ceux d'un processus classique. De plus, passer par des chats virtuels sur Second Life n'accélère pas forcément le recrutement. Dans le cas des opérations coordonnées par TMPneo, il a fallu compter cinq semaines entre la prise de décision de participer à cette opération et la date de l'événement. Sur cette période, l'agence a géré la présélection des CV des candidats, selon les critères fixés par des entreprises clientes. Parfois, les candidatures n'étaient pas assez ciblées. « Sur l'opération de février, nous avons dû retrier les CV derrière TMPneo, pour en retenir 170 sur les 350. Nous avons une vingtaine de recrutements en cours », précise Corinne Famy, responsable de la communication recrutement chez Axa France. S'y ajoutent, ensuite, les étapes de tout processus de recrutement.

Une marque employeur plus «branchée»

En revanche, toutes les entreprises participantes louent le retour sur image positif de l'opération, avec une marque employeur plus «branchée». Autre atout de Second Life, il a permis aux recruteurs de toucher des profils de candidats plus variés. « Nous rencontrons par Second Life des profils que nous ne touchons pas par les autres voies de recrutement - job-boards, cooptation, salons de recrutement », estime Ahmed Otmane. L'agence Kobaltt a ciblé des profils essentiellement de consultants et d'informaticiens, mais une société comme L'Oréal, des profils plus variés, pour « tous les métiers qui composent notre activité - marketing, ingénieurs, recherche, RH, supply chain... », précise François de Wazières, directeur international du recrutement de L'Oréal. A la clé également, des profils plus internationaux, parce que « Internet [...] permet de faciliter les contacts et de communiquer aussi avec des candidats basés à l'étranger », poursuit ce dernier.

Pas de seconde fois

Résultat ? La plupart n'envisagent pas de renouveler l'expérience sur Second Life, y voyant surtout un test. « Nous voulons maintenant nous concentrer sur des réseaux sociaux tels que Facebook et Viadeo », tranche Dominique Dervieux, responsable du recrutement de LogicaCMG.

Faut-il, pour autant, fermer la porte au monde virtuel comme canal de recrutement ? « Les entreprises y reviendront lorsque la barrière technologique sera tombée, qu'il n'y aura plus d'applications à installer pour accéder à un univers en trois dimensions », estime Thomas Delorme, responsable de la stratégie interactive chez TMPneo. Preuve que le sujet est loin d'être clos : Monster envisagerait d'ouvrir des salons de recrutement virtuels.

REPÈRES

Les plus Une marque employeur plus «branchée». Des profils de candidats plus variés.

Les moins Un coût élevé (environ 20 000 euros). Un nombre de recrutements faible.