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Enquête

L'approche timide des recruteurs

Enquête | publié le : 09.09.2008 |

En recherche de nouveaux profils de candidats sur un marché du travail tendu, les employeurs tentent de diversifier leurs canaux de recrutement. Et commencent à se pencher sur les réseaux sociaux, tels Facebook ou LinkedIn. Avec prudence.

Lentement mais sûrement, les réseaux sociaux professionnels s'imposent comme un canal de recrutement à part entière. Avec, en tête, l'américain LinkedIn, l'allemand Xing, ou encore le français Viadeo. Leur avantage : ils sont destinés exclusivement à des usages professionnels, de recrutement ou de cooptation, avec, souvent, une couverture internationale. Et permettent donc aux recruteurs de rechercher des profils variés. Ainsi, Viadeo compte aussi bien des membres dans le consulting, la high-tech, que dans l'industrie, la finance ou encore la communication.

Le plus important d'entre eux, LinkedIn, réseau social en anglais, compte 17 millions d'utilisateurs dans le monde. S'il est encore peu fréquenté en France, il permet aux employeurs hexagonaux d'y diffuser des offres d'emploi. Il a même ouvert, en mars dernier, des pages de profils de sociétés, qui peuvent ainsi s'y présenter. Autre service : proposer des informations provenant de CapitalIQ, une filiale de Business Week, telles que la description de la société, le type d'industrie, ou les adresses.

CVthèque

Plus connu des services RH français, Viadeo (ex-Viaduc) a été cofondé, en 2004, par Dan Serfaty, et compte aujourd'hui 1,8 million de membres en France. Pour les entreprises, il propose une CVthèque, accessible sur abonnement, et un service payant pour poster des offres d'emploi. « Une annonce standard, mise en ligne pendant deux mois, coûte 510 euros. Ce tarif est dégressif, selon le nombre d'annonces diffusées. Le recruteur peut également accéder à la CVthèque pour un montant de 825 euros par mois pendant un an », précise-t-on chez Viadeo.

Les avantages à y diffuser des offres d'emploi ? « Cela est plus efficace que sur Monster, nous recevons des candidatures plus ciblées », estime Dominique Dervieux, responsable du recrutement chez LogicaCMG. Des entreprises comme L'Oréal, pour leur part, utilisent Viadeo, surtout pour entrer en contact avec des candidats potentiels.

Communautés privées

Moins connu, le réseau social allemand Xing, créé en 2003, compte 1 million de membres en France. Disponible en une quinzaine de langues, dont le français, il propose, notamment, un système de communautés privées, souvent utilisé par les entreprises, qui peuvent y greffer leur propre interface. Et pour cibler les jeunes diplômés, depuis le 27 juin, il a créé un nouveau statut de «Jeune diplômé/Etudiant», qui permet, désormais, de présenter son cursus universitaire sur un profil personnalisé. Ils ont ainsi accès à un réseau mondial d'employeurs potentiels et d'anciens élèves. Xing compte déjà 1 300 communautés étudiantes, dont celles liées à l'université d'Harvard, à l'université technique de Vienne et à l'Instituto de Empresa de Madrid.

Dénicher les recrues potentielles

Beaucoup d'entreprises utilisent aussi les réseaux sociaux professionnels juste pour prospecter. « Nous sommes sur Viadeo et Xing afin d'approcher des candidats non déclarés, pour un coût réduit », explique Patrick Fosse, directeur du recrutement chez GE Energy. Une activité de veille telle qu'il a même créé, en mars 2008, une équipe dédiée pour dénicher par ce biais des recrues potentielles en Europe.

Testé avec prudence

En revanche, les recruteurs testent Facebook avec prudence. Avec ses 3,1 millions d'inscrits en France, il constitue un véritable vivier d'étudiants et de jeunes diplômés, faciles à contacter, car souvent membres de groupes Facebook créés par leur entreprise ou par leur ancienne école. D'ailleurs, en mai dernier, seuls 40 % de ses inscrits français n'étaient plus étudiants, et 65 % avaient entre 20 et 40 ans. Du coup, les entreprises qui l'utilisent ciblent surtout des jeunes diplômés. Il permet aussi de toucher des profils plus internationaux, parfois inattendus. « Nous avons reçu des candidatures d'Egypte, du Canada, de Turquie, du Nigéria, du Maroc, ou encore d'Algérie, via Facebook », énumère ainsi Caroline Marionnaud, responsable de la communication RH à l'international chez Areva.

Des informations d'ordre privé

Sa particularité : c'est un réseau social à vocation ludique, où les inscrits n'hésitent pas à diffuser des informations parfois privées. Avec ce mélange des genres, les services RH sont prudents. « Nous avons accès à des informations personnelles, qui peuvent biaiser un recrutement », avoue Patrick Fosse. L'employeur doit « s'interdire de consulter, et d'utiliser, les informations personnelles contenues dans les profils », renchérit François de Wazières, directeur international du recrutement de L'Oréal.

Des candidats plus méfiants

En fait, certaines entreprises hésitent moins à l'utiliser, pour mieux connaître la personnalité d'un candidat. Lequel devra donc, de plus en plus, faire attention à ce qu'il dit de lui, pour éviter de se faire piéger par un employeur potentiel.

Les services professionnels de recrutement commencent à s'y greffer. Depuis février, l'agence de relations publiques en RH TMPneo propose, ainsi, l'application «Work with me», que cinq entreprises - Areva, CSC, L'Oréal, Unilog, et le groupe LogicaCMG - ont déjà adoptée, après avoir déboursé 20 000 euros chacune pour codévelopper cette application. Ainsi, les salariés de ces entreprises, inscrits sur Facebook, peuvent recevoir directement les offres d'emploi de leur société et les sélectionner par critères selon leur région ou leur service, par exemple.

D'autres révolutions sont à venir. Le projet OpenSocial, que prépare Google avec des réseaux sociaux partenaires, rendra les applications compatibles entre ces derniers. Facebook annonce plancher sur une API (interface de programmation) spécifique pour les entreprises. Autre projet de taille : Microsoft a annoncé, mi-juin, travailler sur TownSquare, son propre réseau social pour entreprises, que testent ses salariés depuis janvier.

Les réseaux sociaux dans le monde

Sélection de réseaux sociaux peu connus en France, mais très populaires dans certains pays, qui permettent aux recruteurs d'y prospecter pour des recrues locales.

- Frienster : créé en 2002, surtout utilisé en Asie.

- Bebo : créé en 2005, très populaire dans le monde anglophone (Nouvelle-Zélande, Irlande, Grande-Bretagne, Etats-Unis).

- Orkut : lancé en 2004, numéro un au Brésil.

- Viadeo : le réseau social français cherche à s'internationaliser : il est aussi implanté en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Portugal, et même en Chine.

REPÈRES

Les plus Des profils variés, notamment internationaux. Des candidatures ciblées.

Les moins Des réseaux à vocation parfois trop ludique (comme Facebook).