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Beaucoup de communication, quelques recrutements

Enquête | publié le : 09.09.2008 |

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Beaucoup de communication, quelques recrutements

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Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à proposer des concours et des jeux de simulation. Pour quelques-unes, il s'agit de recruter les meilleurs étudiants dans la foulée. Les autres veulent cultiver leur «image employeur» sur un plus long terme. Pour les unes comme pour les autres, l'investissement apparaît élevé.

La plupart des grands groupes organisent, aujourd'hui, leur business game. Ces sortes de mises en situation professionnelle quasi grandeur nature, le plus souvent dans des ambiances ludiques, sont destinées à faire connaître leurs métiers de l'intérieur et à recruter les meilleurs participants. Ils sont souvent déployés à l'échelle européenne, voire internationale. Danone, par exemple, en est à la cinquième édition de «Trust», avec son moment phare, le «Trust Day». Les participants vivent en un jour les trois mois d'une filiale récemment acquise par le géant de l'agroalimentaire et développent une stratégie rentable à trois ans. « Les moyens traditionnels ne nous permettent plus de recruter en nombre et selon la qualité recherchée, explique Christine Gas, responsable de la communication RH. Il faut donc provoquer des événements avec nos écoles cibles. »

40 % de jeunes diplômés

Recruter en nombre, c'est ce que fait Altran. Son volume d'embauches annuel s'établit à 5 000 personnes de niveau bac + 5, dont 40 % de jeunes diplômés. «Altran Engineering Academy» en est à sa 5e édition, et, cette année, l'entreprise a imaginé un «Appli challenge» sur Facebook. « Les concours sont un pilier de nos dispositifs de communication de recrutement », affirme Julien Esposito, responsable du recrutement.

Image employeur

Les jeux concours ne débouchent cependant pas sur des recrutements directs en masse. Depuis le lancement du premier jeu, en 2003, Danone a embauché 260 jeunes diplômés, en stage ou en CDI. C'est finalement assez peu. Mais le groupe en a profité pour cultiver son image d'employeur.

A la SNCF, «Imaginez la gare de demain» a débouché sur « des demandes de stage satisfaites, et quelques recrutements, indique Martine Sallé, responsable des relations avec l'enseignement supérieur. Mais ce n'est pas avec un jeu que nous allons réaliser le millier de recrutements planifiés sur l'année. »

De son côté, Altran mesure l'impact de ses jeux à l'aune de la fréquentation de ses espaces de recrutement. « Cette année, nous avons enregistré un millier d'inscrits supplémentaires à la journée portes ouvertes que nous organisons dans dix villes en France. Au siège, nous avons reçu 1 300 candidats pour autant d'entretiens de recrutement. Nous avons aussi progressé dans les classements d'attractivité employeur auprès des candidats », insiste Julien Esposito.

Echange et proximité

C'est aussi l'effet recherché par un «inconnu» du grand public comme Henkel. Ce groupe, qui vend des produits d'entretien, des cosmétiques et des produits adhésifs, emploie pourtant 50 000 personnes dans le monde, dont 1 500 en France. « Avec «Henkel Aventure», puis «Henkel Games» et, enfin, cette année, «Henkel Innovation Challenge», nous cherchons d'abord à créer de l'échange et de la proximité avec les opérationnels du groupe, indique Françoise Dupeyrat-Gros, responsable des ressources humaines et du recrutement. C'est cependant une facette de la relation école dont le coût est élevé », nuance-t-elle, sans en dire davantage.

Le budget reste généralement une donnée secrète des business games. Mais le jeu en vaudrait la chandelle. « Il y a moins de risques d'échec, comme dans un recrutement classique », affirme Christine Gas. De fait, un an plus tard, deux tiers des jeunes recrutés dans le cadre de «Trust» sont classés «juniors talents», contre un sur deux toutes voies de recrutement confondues.

Chez Bouygues Construction, qui a lancé son «Déf», on parle de « cinq à six mois de préparation, pour un coût de 100 000 euros environ ». Même budget à la SNCF. A comparer avec un forum à 5 000 euros la journée qui permet de toucher 700 étudiants.

Sans engager autant d'argent, les PME commencent, elles aussi, à s'y mettre. EBP, qui emploie 300 salariés, cherche à tout prix à se différencier de ses concurrents dans un secteur qui s'arrachent les chefs de projet et les développeurs sur le marché informatique. L'éditeur de logiciels a approché ses écoles-cibles pour proposer son «EBP Poker Series». Les étudiants représentent la moitié des 73 inscrits, pour 20 postes à pourvoir. « Le retour nous apparaît plus intéressant qu'une annonce, qui génère au maximum 20 à 25 candidatures. Reste à voir si ces personnes voudront vraiment entrer chez nous », s'interroge Angélique Giron, responsable du recrutement.

Prudence

Prudence, donc. Nicolas Faure, président-fondateur de PlaceOjeunes, une plateforme informatique de mise en relation avec les jeunes diplômés, le confirme : « Il ne faut pas s'y tromper. Les business games sont un formidable vecteur de communication, mais les entreprises se trompent si elles pensent recruter ainsi. Dans nos études, les jeux arrivent en queue dans les actions de recrutement préférées des étudiants. »

La SNCF l'a compris et a changé son fusil d'épaule cette année. « Au bout de quatre ans, notre jeu «Imaginez la SNCF de demain» s'essoufflait. Les jeux- concours se sont multipliés entre- temps et il fallait être un étudiant très motivé pour travailler pendant trois mois en groupe sur un challenge qui n'était pas pris en compte dans le cursus », explique Martine Sallé. Cette année, l'entreprise de transport ferroviaire a proposé un défi ciblé sur les métiers d'ingénieurs de l'infrastructure, à caractère sportif et scientifique. Résultat : deux fois plus de participants et une relation école «boostée» par de nouvelles actions programmées pour la prochaine rentrée. « Mais il n'y aura pas de nouvelle édition du jeu, prévient Martine Sallé. Nous allons plutôt capitaliser sur celle que nous venons de boucler. »

REPÈRES

Les plus Une image employeur valorisée. Des profils ciblés.

Les moins Un coût élevé (environ 100 000 euros). Une préparation longue (cinq à six mois). Un nombre de recrutements assez faible.