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Les pratiques

LVMH fait la part belle aux préretraites

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 02.09.2008 |

Sur les 725 salariés que comptait le grand magasin avant sa fermeture en juin 2005, seuls 130 ont décroché un poste dans le groupe LVMH, propriétaire de l'institution. Mais tous, selon la direction, ont trouvé une solution.

En 2013, si les autorisations nécessaires sont obtenues, la Samaritaine rouvrira. On y trouvera de tout : un pôle bureaux de 26 000 m2, un pôle commerces d'une surface comparable, un hôtel de 14 000 m2 et des logements à vocation sociale sur 2 400 m2. Tel est l'avant-projet présenté, le 6 juin 2007, par la direction aux élus du personnel. Quelque 2 000 emplois au total y seraient associés. Avant la fermeture, 1 350 salariés y travaillaient. Figuraient parmi eux : des démonstrateurs, des concessionnaires techniques et commerciaux... et 725 salariés de la Samaritaine. Leur destin a été scellé par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui a accompagné la fermeture du grand magasin, en juin 2005, pour raison de sécurité.

Départs volontaires

LVMH voulait ce PSE exemplaire. Il a été signé en février 2006 par la direction du groupe qui a acheté, en 2001, la Samaritaine. Plus de deux ans plus tard, elle qualifie son bilan de satisfaisant : « Nous avons réussi à trouver une solution pour tous. » Le PSE prévoyait pour 458 salariés (sur 725) qui n'entraient pas dans le cadre des retraites, préretraites ni du reclassement anticipé, un accompagnement à la recherche d'emploi. Ce sont les cabinets Sodie et Altédia qui ont été chargés du reclassement pour des périodes allant de huit mois, pour les moins de 45 ans, à onze mois, pour les 45-50 ans, jusqu'à vingt mois, pour les 50-55 ans. « Ces cabinets, juge Monique Danielle, déléguée CFTC, ont orienté les salariés vers les départs volontaires, avec à la clé une indemnisation de retour rapide à l'emploi qui pouvait aller jusqu'à 18 000 euros, soit un an de salaire. Mais, dans la plupart des cas, la prime n'a pas excédé 9 000 euros. » A cela s'ajoutait une prime additionnelle de licenciement qui renforçait les indemnités légales, pouvant aller jusqu'à l'équivalent de deux ans de salaire.

Ces départs volontaires ont recouvert plusieurs situations : 116 ont signé un contrat en externe ; 46 ont choisi de suivre une formation financée ; 110 se sont lancés dans un projet personnel. « Sur ces 272, explique Monique Danielle, plus d'une cinquantaine ont connu des difficultés et sont au chômage ou à temps partiel. Ce n'est pas ce que nous voulions. »

C'est le reclassement en interne qui avait la faveur des syndicats. Ils avaient négocié, pour tout collaborateur qui le désirait, deux offres valables de reclassement en interne (Ovri). Au total, 130 salariés ont été replacés dans le groupe à un poste équivalent et sans perte de salaire. « Seul un salarié sur trois encore en âge de travailler est resté dans le groupe, c'est décevant par rapport aux engagements de départ de LVMH, juge Annick Monceau, déléguée CGT. A quelques exceptions près, le groupe n'a gardé que les salariés qui représentaient l'image du luxe. »

Résultat, un grand nombre de préretraites : 261, dont 9 intervenues avant 50 ans avec 70 % du salaire brut. « Le reclassement se révélant très difficile pour les plus de 48 ans, indique Monique Danielle, deux accords complémentaires au PSE ont été signés, en février et en octobre 2007, pour leur proposer des préretraites pouvant courir pendant quinze ans maximum afin d'atteindre l'âge légal de la retraite ». Au total, le coût du PSE pourrait dépasser les 60 millions d'euros, selon les syndicats. « A l'origine, dit Monique Danielle, la Samaritaine a fait 70 millions d'emprunt au groupe pour financer le PSE, dont 20 millions étaient réservés aux études prospectives pour la réouverture. Ça nous apparaît comme un immense gâchis, car la survie du grand magasin, malgré la facture des travaux, était possible. »

Nouveau projet pour le site

L'option grand magasin semble avoir définitivement été enterrée par LVMH au profit des bureaux. Son nouveau projet sera présenté, ce mois-ci, au comité de site de la Ville de Paris. Or, le PLU (Plan local d'urbanisme) prévoit que l'emplacement de la Samaritaine ne peut abriter qu'une activité grand magasin. Si dérogation est faite, ce ne peut être qu'au nom de l'intérêt général. Il faudra donc que LVMH fasse la démonstration que son programme est de l'intérêt des habitants et des salariés. Déjà, les futurs emplois inquiètent les syndicats. « On craint, conclut Monique Danielle, qu'il s'agisse d'emplois précarisés dans l'hôtellerie et la restauration. On est donc très réservé. » Nul doute que le maire de Paris y regardera de près.

LE BILAN DU PSE

Effectif total : 725 personnes.

Préretraites/retraites : 267.

Reclassements externes : 116.

Reclassements internes : 130.

Formations : 46.

Projets personnels (dont création d'entreprise, gardiennage...) : 141.

Gardiennage du site : 25.