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Enquête

Lafuma au sommet de l'annualisation du temps de travail

Enquête | publié le : 15.07.2008 |

Pour adapter son cycle de production à celui de la vente de ses produits, le fabricant de mobilier d'été Lafuma pratique l'annualisation du temps de travail avec de très fortes amplitudes. Un système qui atteint aujourd'hui ses limites.

Comme chaque été, les ouvriers de l'usine d'Anneyron (Drôme) de Lafuma prendront... plus de deux mois de vacances, entre mi-juillet et la troisième semaine de septembre ! Les 125 ouvriers du site sont, en effet, soumis au rythme saisonnier des ventes des produits qu'ils fabriquent : du mobilier de camping, de jardin et de piscine.

Les ventes battent leur plein pendant l'été, mais l'usine qui fabrique ce mobilier des beaux jours est fermée à ce moment-là, car les produits sont fabriqués pendant les dix autres mois de l'année, essentiellement entre janvier et mi-mai. Pour adapter les ressources humaines aux fortes amplitudes de la production, l'entreprise utilise plusieurs outils.

D'abord, l'annualisation du temps de travail. « Pendant les dix autres mois de l'année, les salariés ne bénéficient que d'une semaine de congés, à Noël, et doivent obligatoirement travailler trois samedis. Au final, ils ne travaillent effectivement 35 heures par semaine qu'en juillet et septembre », regrette Patrick Broyant, délégué CGT, qui admet cependant être obligé « d'accepter le système ».

Deux plafonds

Le reste du temps, les salariés peuvent travailler jusqu'à 42 heures hebdomadaires - pour ceux soumis aux 35 heures -, et jusqu'à 39 heures -pour ceux qui travaillent sur une base de 32 heures -, soit un peu moins de la moitié des effectifs. L'existence de ces deux plafonds a une origine historique. En 1984, alors que l'entreprise est mal en point, elle réduit le temps de travail « pour sauver des emplois », mais aussi les salaires - de 11 % - et les gèle pendant deux ans, rappelle Emmanuel Durand, DRH du groupe Lafuma. Aussi, lorsqu'en 2001, l'entreprise passe aux 35 heures, les salariés qui étaient là en 1984 passent, eux, à 32 heures, « à la fois pour qu'ils ne perdent pas le bénéfice de la modération salariale, mais aussi pour réduire la pénibilité », explique Emmanuel Durand. Ce dernier rappelle également qu'« en 1984, il y a eu une modulation mise en place grâce à un accord avec la CFDT, avec des périodes hautes et basses, mais moins marquées qu'aujourd'hui ». Ce modèle a, certes, permis de sauver l'entreprise, mais la coexistence de deux temps de travail se paye en complexité. « Il faut jongler sur les vendredis et les heures supplémentaires », explique Emmanuel Durand.

Recours à l'intérim

Cependant, la modulation de temps de travail ne suffit pas pour satisfaire les besoins de main d'oeuvre en période de forte production. D'où le recours à deux autres variables : l'intérim et les heures supplémentaires.

Le contingent d'heures sup' est fixé à 80 heures par an avec un délai de prévenance de 10 jours, selon Patrick Broyant. D'après ce dernier, tous les salariés n'affichent pas le même enthousiasme à la perspective de travailler plus : « Les jeunes avec des enfants sont intéressés, mais les anciens n'en veulent pas. Alors qu'ils travaillent la durée maximale hebdomadaire pendant des mois, cela se comprend. » C'est peut-être la raison pour laquelle Lafuma recourt beaucoup à l'intérim : jusqu'à 80 intérimaires pendant les pics de production. Une organisation qui atteint, apparemment, sa limite. « Compte tenu d'une population de salariés vieillissante, il peut être intéressant de recourir à des intérimaires, explique le DRH. Cependant, du fait d'une moindre réactivité, cela oblige à augmenter les stocks et à améliorer l'outil de prévision commerciale. En outre, les intérimaires étant moins impliqués que les salariés, cela peut jouer sur la qualité. »

En septembre, la direction et les syndicats ont prévu de se rencontrer pour parler du temps de travail.

Lafuma SA

• Activité : mobilier de camping.

• Effectifs : 360 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 330 millions d'euros.