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Enquête

Atol quitte la Chine pour le Jura

Enquête | publié le : 15.07.2008 |

La coopérative Atol a choisi de relocaliser sa production en France, un choix qui lui a plutôt réussi.

Atol - Association des techniciens en optique et lunetterie - a fait le pari de la relocalisation. Après une expérience de production en Chine, en 2003 et 2004, l'enseigne a décidé de rapatrier sa production en France en 2005 et 2006. « Nous avions délocalisé en Chine un peu par dépit, car, à l'époque, avec 300 magasins, le volume n'était pas suffisant pour une production en France, explique Philippe Peyrard, directeur général délégué, et deux ans après, nous avons pris le risque de revenir dans l'Hexagone. C'était une volonté stratégique d'être une entreprise citoyenne et responsable. » L'entreprise se voit, aujourd'hui, confortée dans son choix par la flambée du prix du pétrole, lui promettant de réaliser de substantielles économies sur le transport. Le distributeur achète donc ses montures à des fabricants français implantés à Moret, dans le Jura, et à Oyonnax, dans l'Ain, et ses verres proviennent à 85 % des laboratoires Essilor.

Emplois préservés

Cette relocalisation a permis de préserver une cinquantaine d'emplois. Poursuivant sur sa lancée, l'entreprise a inauguré, il y a un an, un centre d'appels et un atelier de montage à Beaune, en Bourgogne, créant une trentaine d'emplois. « On aurait pu implanter le centre d'appels au Maroc et l'atelier de montage en Inde, souligne le directeur délégué, mais soutenir l'emploi en France, c'est aussi créer des conditions propices à notre développement. »

Un choix qui coûte cher néanmoins, puisque le manque à gagner par rapport à une production en Chine est estimé à 500 000 euros par an, sur un budget de fonctionnement de 35 millions d'euros. « Pour compenser le surcoût des salaires, nous devons être très productifs et investir dans du matériel de pointe, ajoute Philippe Peyrard. Nous misons beaucoup sur la qualité de nos produits, qui nous permet d'être un peu plus cher que nos concurrents. » Atol est, en effet, la première enseigne d'opticiens à avoir obtenu, en mai 2008, la certification ISO 9001 de ses produits, en concertation avec un réseau d'ophtalmologistes.

Coopérative

Si Atol a pu amortir le coût de sa relocalisation en France, c'est aussi grâce à son fonctionnement coopératif : « Nos magasins sont nos actionnaires et nous n'avons pas de comptes à rendre à des banquiers ou autres fonds de pension, ce qui nous a facilité la tâche », précise Philippe Peyrard. Atol est une coopérative, fonctionnant selon le principe «un homme = une voix», composée d'un siège où sont centralisées les fonctions supports, et d'un réseau de magasins indépendants, implantés principalement dans des petites communes, et actionnaires d'Atol SA.

L'enseigne est, aujourd'hui, au 4e rang économique, et au 3e rang du point de vue de sa notoriété. Forte de son image d'entreprise citoyenne, Atol a créé, en janvier 2008, l'association Cèdre, dont le but est de « montrer que l'on peut être rentable en étant responsable et de sensibiliser d'autres entreprises ». Dans le même état d'esprit, l'enseigne recycle ses emballages au centre logistique de Beaune, a éliminé les sacs plastiques dans ses points de vente et soutient une opération de reforestation avec l'ONG Planète Urgences.

Sup d'Optic

Atol a créé son propre centre de formation, Sup d'Optic, qui accueille 1 000 stagiaires par an en formation initiale et continue. « Nous formons les opticiens du réseau sur les aspects techniques, gestion, management et relation clients, explique Patrice Camacho, directeur technique et formation. Ce centre a un coût pour l'entreprise, mais joue un rôle important dans la fidélisation de nos associés et dans l'expansion de notre réseau. »

Les magasins du réseau, entreprises de moins de 10 salariés, consacrent 0,6 % de leur masse salariale à la formation (minimum légal à 0,4 %). Le siège d'Atol collecte ces cotisations et les reverse à l'Opca Forco. « Cela permet de mutualiser les fonds, ajoute Patrice Camacho. Chaque directeur de magasin monte ensuite son plan de formation en piochant à volonté dans notre catalogue. » Enfin, Sup d'Optic accompagne ses associés dans leur démarche de VAE pour obtenir le BTS d'opticien-lunetier, indispensable pour gérer un magasin. M. K.

Atol

• Activité : optique.

• Implantation : 750 magasins.

• Chiffre d'affaires 2007 : 306 millions d'euros.