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S. COMME USINE Geneviève Masséna, L'Harmattan, 154 pages, 15 euros.

Enjeux | Livres | publié le : 15.07.2008 |

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S. COMME USINE Geneviève Masséna, L'Harmattan, 154 pages, 15 euros.

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Signe des temps, la mémoire oubliée des travailleurs en usine tend à ressurgir sous l'aspect romanesque. A l'heure où le nombre de postes dans l'industrie est réduit de manière drastique, le travail en usine, et surtout le travailleur en usine reviennent comme des figures quasi mythiques du prolétariat.

Perline, jeune ouvrière syndiquée de l'usine S. Méditerranée d'Arcelor, à Fos-sur-Mer, issue de l'immigration espagnole, incarne, ici, la figure du prolétaire. Déléguée du personnel, elle s'engage avec ses compagnons dans un conflit de plusieurs mois. Par son récit vif, enlevé et bien écrit, l'auteure nous rappelle le lourd tribu payé, à la fin des années 1970, par les salariés du secteur sidérurgique à la modernisation de l'économie. Elaboré à partir de données socio-économiques, ce roman, qui se présente comme une autobiographie, permet de donner à l'histoire des aciéries cette dimension affective particulière à la nostalgie, difficile à conceptualiser sans ridicule.

L'auteure, finalement, nous parle du «bon vieux temps». Mais un temps de chien pour les salariés exploités, à ceci près que s'y nouaient des solidarités ouvrières et que le travail donnait du sens à la vie. Le roman permet ce que ne permettrait pas un ouvrage théorique, à savoir revendiquer cette part «en plus», qui fait que même les plus défavorisés regrettent ce temps-là. Cela, les indemnités chômage et autres allocations ne sauront jamais le payer. Pour des milliers de salariés, le travail en usine constituait l'horizon d'une vie. Qui comprendra ?

Geneviève Masséna est syndicaliste et romancière.