Super, l'entreprise à l'américaine où tout le monde se tutoie... Sauf que, tutoiement ou pas, tout le monde meurt de peur devant le patron «ouvert au dialogue», qu'il ne faut pas «casser les couilles» de la très sexy directrice du marketing, que derrière les apparences bon enfant, l'entreprise reste un monde de requins.

Hubert, stagiaire depuis dix ans, apprend à décrypter les modes de fonctionnement de cet open space moderne et schizophrénique. Les valeurs annoncées n'ont strictement rien à voir avec les enjeux réels, ceux-ci tenant en deux mots : pouvoir et profit. Triste monde où le placardisé de 57 ans passe la nuit à travailler pour garder le sentiment de son utilité, où le DRH joue les psy pour éviter de répondre aux demandes d'augmentation, où les théories managériales font partie de la langue de bois officielle, tandis que les commerciaux se font fort de vendre n'importe quoi, voire quasiment rien puisque la production, délocalisée en Extrême-Orient, se réduit, ici, à des strings.

Quand, à la fin, Hubert décroche un vrai contrat de travail, il conclut par ces édifiantes paroles : « Maintenant, je peux mourir »... De bonheur ou d'angoisse, à chacun d'interpréter.

Mention spéciale pour cette BD commise par James, qui va droit au but sur un ton drôle et efficace.