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Les pratiques

Retards à l'allumage pour le télétravail

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 01.07.2008 |

Avec une centaine de salariés volontaires, Renault peine à installer le télétravail. Les retours d'expérience sont toutefois satisfaisants.

Le 22 janvier 2007, le constructeur automobile signait un accord sur le télétravail avec les syndicats CFDT, FO, CGC et CFTC. Après plus d'un an, les premiers retours sont satisfaisants. Pour autant, certaines résistances se font jour, limitant le déploiement du dispositif.

Diagnostic incontournable

Tout commence par un diagnostic préalable. « On amène le collaborateur à se questionner sur l'opportunité de devenir télétravailleur », présente Jean-Philippe Lainé, pilote de «Travaillons autrement», programme interne pour la prise en compte des nouveaux modes de travail dans lequel le télétravail a été inséré. En théorie, le métier n'entre pas en ligne de compte et l'accord s'adresse tant aux employés, aux techniciens qu'aux ingénieurs et cadres. Sur les 170 dossiers déposés au printemps 2008, il y avait autant de cadres que de non-cadres, pour un âge moyen de 44 ans, conforme à la moyenne d'âge de l'entreprise. « Seules comptent l'envie du collaborateur et sa capacité d'organisation personnelle », explique Isabelle Marault, responsable du déploiement du télétravail. Le couple manager/managé intervient aussi dans le succès de l'opération. En effet, une demande de télétravail suppose l'accord de la hiérarchie. Et, en la matière, il semble que cela coince. Première explication : chaque établissement est autonome pour installer le télétravail. Selon les lieux, le niveau de motivation des directions diffère. « Il y a incontestablement un frein culturel, souligne Jean-Philippe Lainé. Le télétravail est nouveau. Si les personnes sont satisfaites de faire partie des pionniers, elles souffrent du manque de retours d'expérience, d'autant plus qu'en France, ce sujet a peu de publicité. Il n'empêche, nous avons décelé un potentiel d'intérêt qu'il faut aujourd'hui transformer. » Ce qui est d'autant plus facile quand un secteur accueille un télétravailleur. « Très vite, ses collègues se portent à leur tour volontaires », explique Alain Eudier, secrétaire CFDT Renault siège, où 90 salariés ont sauté le pas.

Questionnement sur son management

Quoi qu'il en soit, « le travail à distance impose un certain formalisme. C'est aussi une façon indirecte d'amener un questionnement sur son management », ajoute Isabelle Marault. Vincent Neveu, de la CGT, donne d'autres explications. « Chez Renault, les managers n'ont pas confiance en leurs collaborateurs. S'ils ne les ont pas sous les yeux, ils pensent qu'ils ne travaillent pas », signale-t-il, déplorant, par ailleurs, le manque de communication des RH sur le dispositif. Une DRH qui, selon certaines sources, n'aurait rien fait pour pousser ce projet, impulsé par la direction immobilière de Renault.

En mars dernier, une centaine de collaborateurs étaient effectivement en télétravail ; 78 % ayant opté pour un travail à domicile deux jours par semaine quand l'accord proposait également trois et quatre jours. Et que, après les résultats de l'enquête de satisfaction réalisée sur 82 d'entre eux, tout va pour le mieux. « Aucune dégradation de la communication au sein de l'équipe n'est déplorée », confirme Jean-Philippe Lainé, les nouvelles technologies permettant d'optimiser les échanges. Ainsi, chaque télétravailleur dispose de sa ligne et de son numéro de téléphone professionnel, d'une messagerie instantanée pour «chater» avec son environnement de travail ainsi que d'une ligne ADSL sécurisée. Un diagnostic électrique est réalisé au préalable par Renault. « Le logement du salarié doit être conforme, et sa ligne ADSL compatible. Ce qui peut engendrer certaines dépenses. C'est pourquoi nous demandons à la direction, aujourd'hui, d'aider financièrement l'intéressé sous la forme d'une prime sur facture, par exemple », explique Alain Eudier.

Egalement à la disposition du collaborateur : un micro-ordinateur portable, un casque, un siège ergonomique et un caisson de rangement, comme prévu lors des négociations entre partenaires sociaux.

Amélioration de la performance

Les télétravailleurs soulignent également les bénéfices de la formule : 98 % d'entre eux indiquent un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle. Ainsi, la principale motivation pour postuler au télétravail concerne le gain de temps sur les transports. De plus, 97 % des personnes interrogées sont satisfaites de leurs nouvelles conditions de travail ; 63 % se trouvent même plus performantes ; 40 % ne constatent pas de changement.

L'amélioration de la performance a été validée par 20 % des managers, la grande majorité estimant que le télétravail n'a pas porté atteinte à l'efficacité. « Il n'y a donc pas eu de rupture », avance Isabelle Marault. En témoigne ce télétravailleur : « Chez moi, je suis au calme et j'ai le temps de faire mon travail correctement. J'ai réussi à m'imposer des horaires fixes et des journées continues. Au bureau, je suis dérangé toutes les 30 minutes. En plus, je peux voir mes enfants avant qu'ils partent à l'école. »