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Une norme RSE made in China controversée

Enquête | publié le : 01.07.2008 |

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Une norme RSE made in China controversée

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En 2005, la fédération du textile chinoise créait le CSC 9000 comme alternative aux normes étrangères. Moins contraignant que les minima sociaux de l'OIT, ce premier pas chinois déclenche la polémique.

Sous la chaleur étouffante de Pékin, le 18 juin dernier, la puissante fédération du textile et de l'habillement chinoise s'est réunie au grand complet pour saluer les résultats du premier modèle de RSE proprement chinois, le CSC 9000, et de la Responsible Supply Chain Association (RSA), l'association qui se charge de le promouvoir.

Créée il y a trois ans pour dix entreprises textile modèles, cette association regroupe, désormais, 400 compagnies, dont la moitié ont déjà mis en place ou sont en train d'installer le CSC 9000. « Il ne s'agit pas, à proprement parler, d'un standard, mais d'un système de gestion qui permet de régler des problématiques du monde du travail, dont le travail des enfants, le contrat de travail, le travail forcé, la sécurité, la santé, etc. », explique Xiaohui Liang, le responsable RSE de la fédération du textile.

Les limites de la norme

Clairement, le CSC 9000 a des limites : uniquement composé de lois et de réglementations chinoises existantes, il ne prend aucunement en compte la liberté syndicale, bafouée par l'Etat chinois. Il ne mentionne pas, non plus, de niveau de salaire minimum. « Le système n'est pas équivalent aux normes internationales, mais il est encourageant », résume Stéphanie Luong, de la Business Social Compliance Initiative (BSCI), choisissant de voir le verre à moitié plein. L'association européenne a décidé de collaborer avec les Chinois en essayant d'influencer leurs normes de l'intérieur. D'autres, comme l'ONG américaine Fair Labor Association (FLA), préfèrent ne pas se compromettre en «baissant la barre» des exigences sociales.

A son crédit, le CSC 9000 bénéficie de l'implication de responsables très influents, notamment de Du Yu Zhou, ancien ministre du textile. Jusqu'en 2005, les entreprises chinoises étaient soumises à des normes et codes de conduite uniquement étrangers, souvent perçus comme des outils du protectionnisme américain ou européen. Le pouvoir a donc créé le CSC 9000 avec comme objectif affiché de promouvoir une concurrence loyale et d'améliorer l'image de la Chine. Et c'est un fait, les directeurs chinois s'impliquent plus facilement dans une démarche issue d'une volonté nationale et pensée pour le contexte national.

Reconnaissance internationale

« Ajouter un nouveau standard dans le fouillis de ceux déjà existants est plutôt une mauvaise idée. J'imagine que le CSC 9000 a été créé pour devenir la seule norme chinoise, mais comment être perçue comme telle ? » s'interroge Ge Youli, responsable de la FLA à Pékin. La question mérite d'être posée. Le CSC 9000 souffre d'un manque de reconnaissance internationale, et la signature par la Hudson's Bay Company, propriétaire de la première chaîne canadienne de grands magasins, est un premier pas en ce sens.

Mais la plus sérieuse lacune du CSC 9000 est qu'il ne constitue pas une norme contraignante, mais seulement un ensemble de lignes directrices. C'est toute la philosophie de cette initiative qui refuse d'imposer des audits aux usines, préférant la formation à la sanction, et qui compte sur la bonne volonté des usines chinoises pour se réformer. Comment rassurer les différents partenaires, acheteurs, consommateurs, si aucun audit ne vient valider les efforts des usines ? Sans transparence, ce modèle risque de ne jamais être crédible.