logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

« Le marché du travail chinois peut être un puissant moteur »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 01.07.2008 |

Image

« Le marché du travail chinois peut être un puissant moteur »

Crédit photo

E & C : Que pensez-vous des actions RSE des multinationales en Chine ?

L. K. : C'est assez peu efficace : d'une part, il n'y a pas d'effet d'entraînement et très peu d'entreprises chinoises développent une politique RSE ; d'autre part, quand les multinationales s'efforcent de faire respecter les normes internationales dans leurs équipes ou parmi leur fournisseurs, c'est très bien, mais arrivent-elles à faire évoluer les directeurs locaux ?

Le plus urgent est de donner aux travailleurs la possibilité de défendre leurs droits. Il faut trouver des moyens de les faire participer. A l'ICO, nous organisons, par exemple, des programmes pour apprendre aux travailleurs à dialoguer avec la direction.

E & C : Jugez-vous que les audits sociaux sont des outils performants ?

L. K. : Sans aucun doute, on doit savoir ce qui se passe dans les usines chinoises si l'on veut agir. Mais ce n'est qu'une première étape. Ensuite, il ne suffit pas de décerner ou de refuser un label, il faut prendre le temps d'expliquer à la direction que limiter le nombre d'heures supplémentaires, par exemple, représente certes un coût, mais que cela peut améliorer la productivité, réduire le turn-over et les accidents du travail. Bref, qu'à moyen et long termes, la RSE est profitable.

E & C : Cette année, la Chine a adopté une nouvelle loi du travail plutôt favorable aux salariés. Estimez-vous que la situation des travailleurs s'améliore ?

L. K. : Il y a beaucoup de lois en Chine, la question n'est pas là... Le vrai problème est que les travailleurs n'ont pas le pouvoir ! L'absence de liberté d'association et de négociation collective reste la plus importante non-conformité chinoise.

Il y a peu de changements ces dernières années. Regardez le sort des travailleurs migrants, les journaux chinois en parlent beaucoup. Le système du hukou (certificat de résidence qui donne accès à une certaine protection sociale ; sans hukou citadin, les enfants des migrants n'ont pas accès aux écoles, NDLR) devrait être supprimé, mais aucune mesure concrète n'a encore été prise dans ce sens.

Je crois que le marché du travail peut, en revanche, être un puissant moteur. Dans le Guangdong, notamment, avec le manque de main-d'oeuvre, les travailleurs commencent à prendre conscience de leur valeur...