Le changement n'est plus ce qu'il était. Moteur des entreprises il y a encore une décennie, il peine, aujourd'hui, à recueillir l'assentiment même des plus motivés d'entre les fidèles : la population cadre. Pourtant, l'entreprise n'a jamais tant eu besoin de projets motivants pour mobiliser les hommes, ne serait-ce que parce que la concurrence ne cesse de s'accentuer.

Les hommes qui ont payé la croissance au prix de leur emploi ou de la dégradation de leurs conditions de travail ne sont plus prêts à signer un chèque en blanc à ceux qui les ont bercés de beaux discours, au nom de théories managériales aussi brillantes que fumeuses. La conclusion de cette analyse s'impose donc : puisque le changement n'a pas changé grand-chose, si ce n'est en pire, il faut donc changer le changement et, notamment, reconnaître le travail dans l'intégralité de ses dimensions : professionnelles, personnelles, sociales, économiques. C'est derrière cette contradiction apparente que se loge le véritable enjeu du changement.

Autre paradoxe : puisqu'on change toujours, au final, pour rester ce que l'on est - demeurer soi-même -, il est indispensable d'ancrer le changement dans la permanence d'une identité, la force d'un credo, la fidélité à une conviction. A la convergence de ces deux constats, Olivier Vassal, senior executive d'un des leaders mondiaux du conseil en stratégie, réfléchit sur les mutations du travail et sur la problématique de la motivation. P. R.