Même si Laurence Parisot a su, de longue date, séduire la presse et les médias, l'arrivée d'une femme à la tête du Medef, en 2005, a fait un peu l'effet d'un coup de tonnerre dans le monde très traditionaliste de l'entreprise. Quand, en mars 2008, elle part en guerre contre Denis Gautier-Sauvagnac - supposé avoir acheté la paix sociale à l'aide de fonds occultes -, et, plus généralement, contre les pratiques ancestrales de l'imposante UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie), il a semblé que le pot de terre s'attaquait au pot de fer.

Pourtant, malgré une apparence frêle, la patronne des patrons est loin d'être une femme fragile. Fille d'un entrepreneur de province, diplômée de Sciences po, elle a, successivement, été directrice de Louis Harris puis de l'Ifop. Elle mène, aujourd'hui, la réforme du Medef de main de maître, sans hésiter à dénoncer des pratiques sociales patronales d'une autre époque.

Mais, derrière une maîtrise de la communication extrêmement professionnelle, la femme demeure secrète, et il n'est pas impossible que sa franchise apparente cache une ambition dont le Medef pourrait n'être que le tremplin. C'est cette personnalité que Fanny Guinochet a cherché à mettre en lumière en enquêtant auprès d'anciens collaborateurs de l'Ifop, mais aussi auprès de ceux qui l'ont côtoyée dans l'enfance ou à Sciences po.

Fanny Guinochet est journaliste à Liaisons sociales.