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Les pratiques

Un accord handicap qui relance la prévention

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 24.06.2008 |

Le site lyonnais de JTekt a signé, fin 2006, un accord d'entreprise décisif pour sa gestion des troubles musculo-squelettiques.

Chez l'équipementier automobile JTekt Automotive Lyon, un ouvrier sur deux présente des symptômes de troubles musculo-squelettiques (TMS) et tous les encadrants de proximité se disent stressés, en particulier au cours de leurs deux premières années d'activité. C'est le constat qu'ont fait, l'an dernier, le médecin du travail et la DRH, après plusieurs études sur le risque santé. Dans cette usine où travaillent 870 ouvriers, cette situation préoccupe, alors que l'établissement s'apprête à renouveler son accord handicap de 2006.

Cellule pour salariés fragilisés

L'enjeu TMS est, en effet, devenu prégnant. Déjà, en 2004, la DRH s'était résolue à améliorer la conception des lignes de production pour endiguer l'absentéisme. Près de 80 techniciens de maintenance avaient été formés, l'un d'eux étant devenu référent en ergonomie. C'est aussi à cette époque que la direction relance une ancienne «cellule pour les salariés fragilisés». Animée par le responsable RH, le médecin du travail et l'assistante sociale, elle va faciliter l'étude de cas individuels et le repérage des postes accessibles. Christine Vuillerod, médecin du travail, affirme que cette cellule l'a aidée à détecter plus tôt les difficultés des salariés. « Je préfère proposer une offre de reclassement plutôt qu'un arrêt de travail. Une personne éloignée du travail peut développer un syndrome dépressif qui rendra son retour plus difficile encore. »

10 % des ouvriers concernés

En 2005, la nouvelle DRH veut faire état des TMS devant le comité de direction. Le RRH en charge du dossier, Fabrice Pignier, dresse un aperçu des différents troubles. Il en ressort, selon lui, que « 10 % de l'effectif ouvrier est concerné par une restriction d'aptitude, soit près de 80 personnes ». C'est sur cette base que vont être progressivement recherchées toutes les affectations, temporaires et définitives. Le comité de direction va être à nouveau impliqué sur ce sujet en juillet 2006, à travers la loi handicap du 11 février 2005, dont l'impact financier est alors inconnu. « J'ai rappelé que, sur la période 2002-2005, nous avions versé 300 000 euros de contributions Agefiph. Il valait mieux utiliser ce financement pour améliorer les conditions de travail et le maintien dans l'emploi. » Un accord d'entreprise sur le handicap est signé au mois de novembre 2006. Il devient le levier de la prévention des TMS.

Solutions de maintien dans l'emploi

Le site lyonnais se dote, dans la foulée, d'une cartographie des postes - avec différents indicateurs de port de charge, de répétitivité des gestes ou de repérage des risques. En 2007, il investit 256 000 euros pour modifier les postes, facilitant, du même coup, la recherche des solutions de maintien dans l'emploi. Autre effet de l'accord, le recours à un ostéopathe. Ce dernier est intervenu auprès de 30 salariés de l'usine. La démarche de maintien dans l'emploi a fait l'objet d'une plaquette d'information, adressée au domicile des 1 316 salariés.

Plusieurs études vont, ensuite, compléter le dispositif. Tout d'abord, une enquête TMS, fondée sur un questionnaire INRS, et des entretiens. Elle établira une corrélation entre l'apparition d'un TMS et les facteurs psychosociaux. « Nous avons constaté que 50 % de l'effectif ouvrier était atteint d'une douleur de type tendinite », note le médecin du travail. « Notre perception des TMS était faussée par le fait que les salariés de moins de 35 ans - majoritaires parmi les ouvriers - ne se plaignent pas », explique Fabrice Pignier.

Puis, une seconde étude, épidémiologique, sera confiée à un consultant ergonome et au médecin du travail. Ils parviennent à dresser, sur plusieurs années, un état exhaustif des troubles et de l'évolution des pathologies (dos, membres supérieurs), pour toutes les populations concernées. Entretemps, une enquête sur le stress a été menée auprès des chefs d'équipe : ces «pilotes», dans le jargon maison, déclarent tous le subir durant les dix-huit premiers mois d'activité.

Formation collective pour les chefs d'équipe

Ces informations ont été transmises au comité de direction et au CE. Résultat : une formation collective, en ergonomie et en gestion de stress, va démarrer pour les chefs d'équipe. Un chantier d'amélioration des conditions de travail a également été promis. Une nouvelle enquête sur le stress est en cours. Elle concerne, cette fois, tous les services supports de l'usine.

La CGT s'inquiète, de son côté, d'un projet de renégociation de l'accord temps de travail, qui pourrait aboutir à un alourdissement de la charge, favorisant l'apparition des... TMS.

JTekt Automotive Lyon

Activité : usinage et assemblage de systèmes de direction assistée pour l'automobile.

Effectifs : 1 316 salariés, dont 870 opérateurs.

Chiffre d'affaires : non communiqué.