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Enquête

Prévention durable du risque mission

Enquête | publié le : 24.06.2008 |

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Prévention durable du risque mission

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La continuité dans la prévention porte ses fruits : en vingt ans d'actions renouvelées et diversifiées, la coopérative agricole a divisé par sept le nombre d'accidents de mission.

Dans cette coopérative du Tarn, spécialisée dans l'insémination de bovins et de caprins, les deux tiers des salariés sont des techniciens d'insémination. Ils sont en activité 360 jours par an, répondant à la demande des éleveurs dans les 24 heures. Ils passent leurs journées sur la route, au volant d'un véhicule de l'entreprise. Chacun fait en moyenne 56 000 km par an, la coopérative couvrant sept départements du sud-ouest de la France.

Plus d'accidents que de conducteurs

C'est un audit, réalisé en 1987, qui a déclenché une politique de prévention orientée risque routier, qui est toujours d'actualité. « Il y avait, à l'époque, 100 accidents par an, c'est-à-dire plus que le nombre de conducteurs. C'était une source de perturbation importante. Comme les techniciens doivent intervenir dans les 24 heures, il fallait traiter le véhicule en urgence et les remplacements n'étaient pas toujours possibles en cas d'accident grave. Deux accidents très lourds avec dommage corporel avaient conduit au licenciement des techniciens, qu'il était impossible de reclasser. Nous avions un coût de sinistralité s'élevant à 4,5 % de la masse salariale. Il fallait trouver des solutions », explique Gérard Péralta, directeur de Coopelso. Principale cause des accidents : une vitesse trop élevée.

Le programme de prévention a débuté par une sensibilisation de l'encadrement - les animateurs des 20 à 30 techniciens répartis par secteurs d'intervention - grâce à une semaine de formation à l'audit de conduite et à l'analyse d'accidents. Objectif : faire des animateurs des «responsables conducteurs», capables de relayer les messages de sécurité à leurs équipes. Les techniciens, eux, ont été accompagnés par un formateur pendant une journée de travail, avec une debriefing sur leur manière de conduire.

Formation sur circuit

Les deux premières années, la moitié du budget de formation (6 % de la masse salariale) a été consacré à ces actions. Depuis, les formations conduite n'ont plus lieu en situation réelle, mais sur un circuit (centre de formation Centaure, de Groupama). Dès l'embauche d'un nouveau technicien, un responsable conducteur l'accompagne en voiture pendant une heure. Une évaluation, assortie de commentaires, est ensuite réalisée. Les nouvelles recrues suivent la formation Centaure. Côté véhicules, sécurité et fiabilité sont au programme avec une flotte de 90 véhicules renouvelés, au bout de 100 000 km pour les voitures classiques, tous les 135 000 km pour les véhicules utilitaires. Ils sont tous équipés d'un système ABS et de climatisation. Un contrat d'entretien accompagne chaque achat de véhicule.

Chaque début d'année, la prévention du risque routier est présentée comme un objectif de l'entreprise. « Une nécessité si l'on veut qu'elle ait un effet durable », soutient Gérard Péralta. Un journal interne, envoyé tous les quatre mois au personnel, est consacré à la prévention. Lors des visites médicales, le médecin du travail, également membre du CHSCT, enfonce le clou. « Je rappelle que le premier risque auquel sont confrontés les techniciens d'insémination, c'est le risque routier, bien avant les risques liés à la manipulation des animaux », indique le Dr Marc Delanoë, médecin MSA à Albi.

Interdiction de téléphoner au volant

En matière d'organisation du travail, les éleveurs - qui sont adhérents de la coopérative - sont invités à respecter un certain délai pour appeler les techniciens, afin de ne pas surcharger leur emploi du temps. Ceux-ci ont, d'ailleurs, interdiction de téléphoner lorsqu'ils conduisent.

Par ailleurs, dans le premier accord d'intéressement, négocié en 2002, a été inscrit un critère d'économie de kilomètres - et de carburant - qui a permis aux techniciens de mieux organiser leur tournée. « Les techniciens travaillent par groupes de 3 à 6 personnes. En période creuse, il vaut mieux que deux techniciens tournent plutôt que tous. Cela diminue le risque et améliore le prix de revient de l'insémination », explique Gérard Péralta. Sur 1 000 euros de prime d'intéressement versée, 200 euros ont été gagnés grâce à l'économie de carburant.

70 % d'accidents évitables

Le nouvel accord, renégocié en 2006, prévoit, cette fois, un critère d'inévitabilité d'accidents, avec un objectif de 70 % d'accidents évitables (les accidents sont analysés par un partenaire extérieur, l'Automobile Club Prévention).

Bilan de cette prévention au long cours : 14 sinistres en 2007 et un taux de fréquence tombé à 0,2. Cela a valu à Coopelso de recevoir, en 2008, le trophée «Entreprise et sécurité routière» (catégorie régime agricole), décerné par la Sécurité routière, la Cnam et l'association PSRE. Prochaine piste de travail : la prévention des TMS. « Les plaintes recueillies au service de médecine du travail concernent majoritairement les douleurs lombaires, observe le Dr Delanoë. Là encore, elles sont liées à l'usage intensif de la voiture. » V. Q.

Coopelso

• Activité : génétique et reproduction animale.

• Effectifs : 100 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 10 millions d'euros.