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Les routiers appelés à se mobiliser

Enquête | publié le : 24.06.2008 |

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Les routiers appelés à se mobiliser

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Le risque routier frappe lourdement les professionnels du transport. Aussi, les fédérations patronales invitent-elles leurs adhérents à la prévention.

Le récent accident d'un car scolaire fauché par un train a une nouvelle fois braqué les projecteurs sur le risque routier dans les transports publics de voyageurs. Bilan du drame : 7 morts, 25 blessés. Le chauffeur, salarié sans histoire de la PME savoyarde Cars Philippe, a été mis en examen. La FNTV (Fédération nationale des transporteurs de voyageurs) a immédiatement renouvelé son appel à la vigilance pour la sécurité.

Respect des réglementations

En avril dernier, son président, Serge Fouquet, avait invité les adhérents au respect des réglementations sur les temps de conduite et de repos, le double équipage, les ceintures de sécurité, l'alcoolémie... Autant de thèmes que la Fédération avait déjà développé lors de sa campagne hivernale «La sécurité, c'est l'affaire de tous», avec trois autocars sillonnant les routes de France.

Cinq jours de formation obligatoire

Mais le nombre d'accidents du travail avec arrêt ne diminue pas dans les transports routiers et urbains de voyageurs. Il s'élevait, en 2006, à 680 pour 110 000 salariés. En revanche, le nombre d'accidents de la route impliquant au moins un bus ou un car tend à baisser.

La formation des conducteurs à la sécurité peut-elle être renforcée ? Elle va l'être avec une formation continue obligatoire sur cinq jours au lieu de trois à partir de septembre 2008. La même durée de formation s'imposera à partir de septembre 2009 aux chauffeurs routiers de marchandises. Elle concernera les salariés, les routiers indépendants et les chauffeurs de la fonction publique. En 2005, les poids lourds ont été impliqués dans 4 410 accidents de la route, dont 727 mortels ; 78 conducteurs ont été tués. « On compte moins de 100 chauffeurs routiers décédés par an, contre 120 précédemment », confie Francis Babé, délégué à l'action professionnelle à la Fédération nationale des transports routiers. Mais le transport routier reste une activité à haut risque avec, en 2006, 8,5 % de ses salariés victimes d'un accident du travail avec arrêt. A comparer au taux de 3,9 % pour l'ensemble des activités.

Charte de prévention du risque

Le 13 février dernier, les fédérations patronales du transport et de la logistique ont signé une charte de prévention du risque routier avec les pouvoirs publics et la Cnamts. Celle-ci prévoit le développement d'une conduite «apaisée» et des actions de prévention. Les professionnels peuvent bénéficier d'aides financières de leur Cram, notamment pour financer des dispositifs d'assistance à la conduite ou des équipements réduisant l'astreinte physique des chauffeurs.

Plus discrets et non soumis aux mêmes règlements, les véhicules utilitaires légers (VUL) s'avèrent plus dangereux que les poids lourds, du moins pour leurs conducteurs et leurs passagers. Ce constat a conduit la Cnam à publier, en 2007, un livre blanc comprenant une douzaine de propositions. Parmi celles-ci : l'équipement des VUL en systèmes de sécurité prévus sur les voitures de tourisme et un contrôle des charges. Ainsi que la mise en oeuvre, avec des entreprises volontaires, d'une formation à la conduite professionnelle post- permis.

Prévention plurielle pour les Transports Bruno Robert

« La sécurité constitue une préoccupation de l'entreprise depuis 2003 et nous demandons à tous nos chauffeurs d'y participer », déclare Bruno Robert, patron de la société de transport de marchandises éponyme, basée dans le Loir-et--Cher. « Chacun de nos 98 conducteurs a reçu la charte Vigiroute et s'est engagé à la respecter », précise-t-il. Cette charte, initiée par la société de travaux publics Eurovia, rappelle les principes d'un comportement responsable et courtois sur les routes pour assurer la sécurité des conducteurs et des autres usagers. Elle est reprise dans un fascicule, remis à chaque routier, comprenant les aspects réglementaires, les temps de conduite, la prévention des risques, des conseils... Notamment celui de préparer sa tournée et d'anticiper sur l'heure de départ « pour faire sa tournée sans stress ».

Bruno Robert déclare veiller au respect du temps maximal de conduite de ces «grands routiers», ainsi qu'à l'amplitude horaire de ses chauffeurs «courtes distances». L'entreprise évite le recours aux heures supplémentaires et elle a récemment mené une action de sensibilisation sur le risque alcool. De plus, elle renouvelle régulièrement ses 80 camions et les munit d'équipements de sécurité et de confort.

Au siège de la société, des aménagements visent à éviter les accrochages : voies de circulation dédiées, parkings larges, miroir. « Sur le site, nous avons supprimé 100 % du risque d'accident », constate Philippe Payen, le DRH.

A l'extérieur, les conducteurs sont tenus de remplir un constat amiable pour tout accident ou incident. Mais, assure Bruno Robert, « aujourd'hui, nous parcourons 40 000 km par jour et nous n'avons, en moyenne, qu'un constat amiable par semaine, la majorité sur les parkings de nos clients ». Contre deux par semaine avant Vigiroute. « Depuis la signature de cette charte, nous comptons moins d'accidents », confirme Patrick Bacon, membre de la délégation unique du personnel. L'entreprise a d'ailleurs obtenu une ristourne de 40 000 euros sur l'assurance de ses camions, qui s'élevait, précédemment, à 350 000 euros.

Pour motiver ses chauffeurs sur la sécurité, Bruno Robert a instauré une prime mensuelle de 120 euros. « Une mesure prise en concertation avec la délégation unique du personnel », précise Phillippe Payen. Les accidents du travail avec arrêt de travail de plus de 48 heures sont rares. Un tous les deux ou trois ans. Ces bons scores ont incité Bruno Robert à remettre, en mars dernier, les palmes de la Prévention routière à 30 de ses chauffeurs modèles : ceux qui n'ont eu ni accident corporel, ni retrait de permis pour infraction aux règles de la circulation depuis au moins cinq ans.

M. R.