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Enquête

« Développer une culture globale de la prévention routière en France »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 24.06.2008 |

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« Développer une culture globale de la prévention routière en France »

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E & C : La prévention du risque routier progresse-t-elle ?

C. P. : Les chiffes le prouvent : la sinistralité routière diminue, mais il reste beaucoup à faire. Nous l'avons encore constaté lors de la publication des résultats d'une étude, le 28 mai dernier, dans le cadre des Trophées Entreprise & Sécurité routière. Selon cette enquête, 61 % des entreprises n'ont pris aucune mesure relative à la consommation d'alcool de leurs collaborateurs lorsqu'ils utilisent leur véhicule pour leurs déplacements professionnels. Un résultat très inquiétant.

Une chose est certaine : les entreprises et les organisations professionnelles signataires de chartes de prévention du risque routier ont enregistré des résultats très satisfaisants en matière de réduction des accidents. C'est un des constats dressés par l'Observatoire du risque routier qui a été créé au sein du Comité de pilotage pour la prévention du risque routier professionnel.

E & C : A quand remonte la création de ce comité de pilotage ?

C. P. : Il a été mis en place en 2001 avec la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts). Sa création a été impulsée par la Délégation interministérielle à la sécurité routière. C'est une structure unique en Europe. Le comité de pilotage a, depuis, été élargi aux salariés relevant du régime agricole, aux agents des collectivités territoriales et de la fonction hospitalière, ainsi que, récemment, aux indépendants. Il couvre, désormais, plus de 22 millions de professionnels.

E & C : Comment améliorer davantage la prévention du risque routier ?

C. P. : Lors du dernier comité interministériel de la sécurité routière, le 13 février 2008, François Fillon a demandé que l'on réfléchisse à la possibilité d'envisager que la conduite pendant un déplacement professionnel soit considérée comme un acte de travail et que le véhicule, utilisé dans le cadre d'un usage professionnel, soit considéré comme un équipement de travail.

Cette mission a été confiée au comité de pilotage, en étroite association avec la Direction générale du travail et la délégation interministérielle. Si la conduite devient effectivement un acte de travail, il serait naturel de faire évoluer la réglementation sociale. En outre, il a été demandé aux préfets d'encourager la signature de chartes sur la prévention des risques liés aux trajets domicile-travail.

E & C : Le risque trajet, qui génère pourtant 66 % des accidents, peine à être pris en compte par les entreprises...

C. P. : Le risque trajet a, en effet, plus de mal à irriguer les politiques de prévention parce que les entreprises n'ont aucune obligation de le traiter. Cela dit, des sociétés ont déployé des initiatives très pertinentes de limitation de la conduite, en favorisant le covoiturage, en aménageant les accès aux abords de l'entreprise, en sécurisant les aires de stationnement, en mettant en place des stations d'auto-contrôle de l'état des véhicules ou encore en créant des restaurants et des crèches d'entreprise. Il ne faut pas limiter les actions de prévention au risque mission, même si celles-ci restent essentielles. Ainsi, des formations à la conduite, par exemple, auront des répercussions positives sur le comportement individuel du salarié-conducteur citoyen. Cet aspect est primordial, car cela contribue à développer une culture globale de la prévention routière en France.