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Les pratiques

Allemagne Bras de fer entre le CCE de Volkswagen et Porsche, actionnaire principal

Les pratiques | publié le : 17.06.2008 |

 Le groupe Porsche, qui s'apprête à prendre le contrôle de Volkswagen, s'oppose au comité d'entreprise central de Volkswagen, qui craint des règles peu favorables de représentation des salariés. Et il lutte contre le Land de Basse-Saxe, présent dans le capital de VW.

Qu'elle semble loin l'époque où l'entrée progressive du constructeur de voitures de sport Porsche au capital du groupe Volkswagen était perçue avec bienveillance par la direction de Volkswagen et par ses salariés. C'était en 2005 ; tous voyaient en Porsche un protecteur contre toute OPA hostile. Aujourd'hui, le groupe Porsche, qui détient 31 % du capital de Volkswagen et qui compte porter sa participation à 51 % d'ici à cet automne, s'est mis à dos à la fois la direction du premier constructeur automobile européen, son personnel et le Land de Basse-Saxe, deuxième actionnaire principal de Volkswagen avec 20,1 % du capital. « Quand on veut prendre le contrôle d'une entreprise comme Volkswagen, on a besoin de la direction et du personnel », a récemment mis en garde Bernd Osterloh, président du CE central de Volkswagen.

Des salariés VW sous-représentés

Premier enjeu de cette bataille de gouvernance : le CE de Volkswagen estime que les salariés de Volkswagen sont sous-représentés dans la nouvelle société européenne, Porsche Holding SE, créée par Porsche en 2007, qui chapeautera, après la prise de contrôle définitive de Volkswagen par Porsche, deux filiales de taille inégale : Porsche AG et Volkswagen AG. En effet, selon le CE de Volkswagen, l'accord sur la représentation des salariés dans la SE (négocié sans les salariés de VW) ne tient pas compte du rapport entre les effectifs des deux sociétés, c'est-à-dire près de 360 000 salariés chez Volkswagen et environ 12 000 chez Porsche. A terme, le conseil de surveillance de la SE ne comptera, ainsi, que 6 représentants des salariés, soit 3 pour Volkswagen et 3 pour Porsche. « Sur certaines questions décisives, les représentants d'un groupe de plus de 300 000 salariés n'auront pas plus de poids que ceux de Porsche », s'est indigné Bernd Osterloh.

Pire : le CE de Volkswagen accuse Porsche d'avoir sciemment créé une SE pour limiter la puissance syndicale (traditionnellement élevée) présente chez Volkswagen. A deux reprises, en octobre 2007 et en avril 2008, le CE a donc porté plainte contre Porsche pour tenter d'obtenir un nouvel accord sur la représentation des salariés, plus favorable à Volkswagen. Mais, jusqu'à présent, sans succès. Depuis, le torchon brûle entre Porsche et le CE, qui a annoncé qu'il irait, si nécessaire, jusqu'à la Cour de justice des communautés européennes.

Remaniement de la «loi Volkswagen»

La deuxième bataille oppose les deux principaux actionnaires de Volkswagen : Porsche (soutenu par la Commission européenne) et le Land de Basse-Saxe (assisté par le parti social-démocrate allemand et le syndicat IG-Metall), qui luttent pour le contrôle de Volkswagen. Obligé de remanier la «loi Volkswagen «(qui protégeait le groupe contre toute OPA), condamnée en septembre 2007 par la Cour de justice européenne, le gouvernement a adopté, le 27 mai 2008, une nouvelle loi qui maintient le pouvoir de contrôle de l'actionnaire public sur Volkswagen. Ainsi, lors des assemblées générales, les décisions stratégiques devront être adoptées par 80 % des voix plus une, contre 75 % dans le droit commun des entreprises. La Basse-Saxe détenant 20,1 % du capital de Volkswagen, cette disposition revient à maintenir sa minorité de blocage.

Droit de veto

La ministre SPD de la Justice, Brigitte Zypries, estime, en effet, que cette disposition n'a pas été jugée contraire au droit européen. Ce que Porsche dément ainsi que la Commission européenne. Porsche a déposé une plainte pour supprimer le droit de veto de l'actionnaire public. La Commission, quant à elle, a annoncé son intention de saisir à nouveau la justice. Le gouvernement fédéral a prévu de revoir sa copie si nécessaire.

Enfin, Porsche s'est attiré les foudres de la direction de Volkswagen en critiquant sa gestion de la commercialisation. Selon Der Spiegel, Martin Winterkorn, Pdg de Volkswagen, aurait menacé de démissionner si Porsche venait à s'immiscer dans la conduite des affaires. Une reprise réussie se prépare autrement.