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Un filet de sécurité en cas de chômage

Les pratiques | publié le : 10.06.2008 |

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Un filet de sécurité en cas de chômage

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Face aux revendications des salariés français quant à leur pouvoir d'achat et à la peur du chômage, les assureurs rivalisent de produits «anti-coup dur». Un moyen de faire passer la pilule amère d'une diminution de revenus en cas de perte - même momentanée - d'une activité professionnelle.

Les sondages les plus récents n'en font pas mystère. La problématique du pouvoir d'achat est passée en tête des préoccupations des Français, précédant de peu la crainte du chômage, même si la courbe de ce dernier a légèrement décliné depuis deux ans. Selon les statistiques, un salarié perdant son emploi met neuf mois en moyenne pour retrouver un job. Pendant cette période, il est bien souvent contraint de se «serrer la ceinture», les Assedic ne couvrant qu'une partie, parfois faible, de son ancien revenu. D'où l'intérêt manifesté par les salariés français pour une solution d'assurance privée visant à sécuriser leur budget.

Selon un récent sondage Ifop, 58 % des personnes interrogées se considèrent, ainsi, insuffisamment protégées en cas de coup dur ; 55 % d'entre elles seraient même disposées à souscrire une assurance individuelle, « si elle existait », afin de faire face à la perte de revenus occasionnée par un licenciement ou à un «coup dur». Un certain nombre de compagnies d'assurance se sont donc mobilisées, ces dernières années, pour apporter une solution aux salariés (cadres et non-cadres), effrayés à l'idée de perdre leur emploi, via la commercialisation d'une assurance privée baptisée, le plus souvent, «perte d'emploi». Le principe est simple : en cas de licenciement (la garantie ne fonctionne pas en cas de démission) et à condition d'avoir cotisé pendant une durée suffisamment longue (douze à vingt-quatre mois selon les contrats), le salarié recevra, durant un an, en plus des Assedic, une indemnité mensuelle dont le montant dépend du niveau de cotisation choisi au départ.

Les cadres peuvent être tentés

Verdict ? Selon le site Capital.fr, qui s'est récemment livré à une analyse comparative des contrats de ce type auprès d'une petite dizaine d'offres proposées, « les tarifs sont peu attractifs pour les non-cadres, d'autant que ces derniers, s'ils gagnent moins de 2 000 euros par mois, sont indemnisés à 75 % par les Assedic ». Les cadres, en revanche, précise le site, qui, une fois privés d'emploi, ne touchent de l'assurance chômage que 57,4 % de leur salaire mensuel brut (dans la limite de 5 127 euros), « peuvent se laisser tenter, surtout s'ils approchent la cinquantaine ou l'ont déjà dépassée, un âge où l'on commence à être sérieusement exposé et où il devient difficile de trouver un nouveau job ».

« L'assurance complémentaire chômage est un produit innovant, qui a été créé pour apporter un coussin de sécurité financière aux consommateurs français et européens », explique Valentina Santoro, responsable régionale de la communication de Genworth Financial, qui a lancé son propre produit en France début 2007 (commercialisation à travers l'intermédiaire des banques, des courtiers en santé ou en crédit) après avoir reçu un « accueil favorable » dans d'autres pays de l'Union (Allemagne, Royaume-Uni et Danemark).

« Concrètement, il s'agit d'une couverture forfaitaire de 100 à 1 000 euros par mois sans référence au salaire, précise Valentina Santoro. Le calcul de la couverture est déconnecté d'éventuels changements de règles des Assedic. Les cotisations ont été envisagées pour tous les budgets : de 9 euros à 53 euros par mois. »

1 500 euros par mois

De son côté, l'assureur Groupama, désireux de pénétrer le marché de l'assurance des particuliers, vient de lancer sur le marché le produit «anti-coup dur budgétaire», qui assure la couverture du revenu dans les trois cas suivants : chômage, arrêt maladie longue durée ou non-versement de la pension alimentaire en cas de divorce. Moyennant une prime mensuelle de 19 euros, le souscripteur, qui devra être salarié en CDI et âgé de 18 à 45 ans, pourra recevoir jusqu'à 1 500 euros par mois pendant six mois au maximum (1) si la perte de revenus dépasse 5 %. « Un délai de carence de six mois après la souscription est prévu et la garantie intervient en complément du montant des allocations ou de la pension », souligne l'assureur, qui précise que le produit a été conçu pour couvrir « 100 % des revenus pour 90 % des salariés » (2). Premier agent Axa dans l'Hexagone, le cabinet Pilliot Assurances, désireux de se distinguer par rapport à la concurrence, a, de son côté, mis sur le marché, il y a un an, une assurance licenciement qui a la particularité de ne se déployer que durant la «période d'essai» du cadre. Selon Christophe Triquet, directeur technique et innovation de l'assureur, cette offre s'inscrit dans une démarche « anti-précarité », visant à promouvoir la mobilité professionnelle. « On peut considérer, aujourd'hui, qu'un salarié en CDI est relativement à l'abri, même si les restructurations des entreprises sont de plus en plus fréquentes face à la compétition, désormais, mondiale. S'il cherche à changer d'emploi afin de «booster» son parcours professionnel, il multiplie mécaniquement les risques. Notre assurance, qui n'est versée qu'au moment de la rupture de la période d'essai du nouvel emploi, se prolonge jusqu'à ce que le salarié ait retrouvé un autre emploi. » Le montant de la cotisation ? Entre 1 % et 2 % du salaire annuel brut (cotisation payable en quatre fois).

Revenu de remplacement

Pionnier, dès 1997, dans le domaine de l'assurance «anti-chômage» pour la cible cadre, puis pour les non-cadres, la Cameic vient d'étendre son spectre, « à la demande de certains de ses assurés ». Elle vient de lancer, fin avril, une assurance chômage destinée aux travailleurs non salariés, aux indépendants, commerçants, artisans, ainsi qu'aux dirigeants d'entreprise qui ne peuvent, en tant que mandataires sociaux, toucher les Assedic lorsqu'ils doivent quitter l'entreprise. « Cette offre innovante concerne tous ceux qui ne peuvent bénéficier du régime de l'Unedic », résume Jean-Michel Pla, directeur général de l'assureur. Concrètement, grâce à cette nouvelle offre, l'assuré bénéficie, en cas de perte d'emploi, d'un revenu de remplacement dans les situations suivantes : procédure de sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire de l'entreprise, fusion, absorption, restructuration provoquée par une contrainte économique... Même si les assureurs ne souhaitent pas communiquer leurs statistiques, considérées comme leur «trésor de guerre», ils reconnaissent volontiers que de plus en plus d'entreprises souscrivent ce type de produit au profit de leurs salariés, même si tous ces contrats ne garantissent pas 100 % du salaire antérieur. « Dans la guerre des talents qui se joue aujourd'hui pour recruter les meilleurs, la présence de ce type de contrat dans un package peut faire basculer une décision », pointe Christophe Triquet.

(1) La durée de six mois de l'accompagnement financier correspond au fait que le chômage dure en moyenne neuf mois et que les Assedic interviennent après un délai de carence.

(2) 90 % des salariés en France gagnent moins de 3,2 Smic par mois, soit moins de 3 000 euros net.

L'essentiel

1 Une majorité de salariés français se sentant « insuffisamment protégés » en cas de gros problème (perte d'emploi, notamment), les compagnies d'assurance proposent de plus en plus d'assurances individuelles «anti-coup dur».

2 Les tarifs sont peu attractifs pour les non-cadres, mais, semblet-il, pertinents pour les cadres approchant la cinquantaine, un âge où ces derniers sont particulièrement exposés.

3 Selon les compagnies d'assurance, ces contrats «anti-chômage» ont pour vertu de favoriser la mobilité professionnelle en permettant aux salariés de posséder une sorte de «filet de protection» en cas de velléité de changement.

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