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Les pratiques

Grande-Bretagne Une seconde chance pour se former

Les pratiques | publié le : 10.06.2008 |

Le projet de loi du gouvernement Brown veut favoriser l'accès à la formation continue pour venir à bout du constant skill gap britannique. Il ne fait pas l'unanimité chez les employeurs.

Le gouvernement britannique a l'intention de rattraper son retard européen en matière de formation continue et de parvenir à concurrencer les autres pays les plus développés par ses compétences professionnelles : « Chaque adulte devrait avoir droit à une deuxième chance en matière d'éducation. Il est tout simplement injuste que les adultes, en activité ou en recherche d'emploi, se voient refuser la possibilité d'obtenir la formation dont ils ont besoin pour faire avancer leur carrière, ou le temps nécessaire pour suivre une formation. »

Projet de loi sur l'éducation

Dans un discours devant la chambre des Communes, le Premier ministre Gordon Brown a, en effet, annoncé, le 14 mai dernier, son intention d'accorder du temps disponible aux salariés en demande de formation continue. Cette mesure, incluse dans un projet de loi sur l'éducation, qui sera votée en avril 2009, concerne 22 millions de salariés outre-Manche et s'applique aussi bien à des formations de base en écriture ou en lecture qu'à des cours avancés en management. Selon les propositions initiales, le droit d'accès à la formation continue sera calqué sur les mêmes modalités régissant, en Grande-Bretagne, la flexibilité du temps de travail pour les parents de jeunes enfants et les personnes handicapées.

A l'image du gouvernement, les partenaires sociaux misent beaucoup sur le succès de cette initiative : « Dans neuf cas sur dix, les employeurs acceptent les demandes en matière de flexibilité du temps de travail, et s'ils répondent de manière aussi positive sur la formation, cela pourrait aider des millions de personnes à améliorer leurs compétences et «booster» la productivité », a commenté Brendan Barber, secrétaire général du Trades Union Congress (TUC). Selon cette proposition, les employeurs ne seraient pas contraints de payer les salariés durant le temps de formation, ni davantage à en financer le coût.

Coûts de formation

Si ce droit à la formation répond aux attentes de nombreux salariés, les employeurs sont plus réservés. « Il est important que nous ne perdions pas de vue le fait que la formation est à double sens, explique John McGurk, conseiller en matière de compétences au sein du CIPD (organisation des DRH). C'est, bien entendu, une bonne chose pour la personne formée, mais cela doit aussi répondre aux besoins de l'employeur. Si ce critère n'est pas rempli, celui-ci doit être à même de refuser les demandes de formation. » Selon le projet de loi, c'est bien le cas, à condition de motiver le refus.

Les détracteurs craignent, en effet, que le bénéfice de la formation soit de permettre aux salariés de trouver un emploi plus qualifié dans une autre entreprise. D'autres mettent en évidence des coûts de formation déjà très élevés outre-Manche. Selon une étude publiée par le Learning and Skills Council (LSC) au début du mois de mai, les employeurs britanniques ont dépensé, en 2007, 38,6 milliards de livres en formation (46,4 milliards d'euros), ce qui représente une hausse de 16 % comparé à 2005. La dépense moyenne par employeur pour un salarié aurait ainsi atteint 1 750 livres (2 207 euros) l'année dernière, comparés à 1 550 livres en 2005 (1 955 euros).

Faire coïncider les besoins des salariés et ceux des employeurs

Une partie de ces frais reflète l'implication des employeurs britanniques dans le projet Train to Gain, lancé durant l'été 2006, destiné à former des adultes à des niveaux d'études équivalents aux brevets professionnels français. Certaines sources dans l'industrie rétorquent, cependant, que la plupart de ces frais correspondent à la nécessité pour les entreprises de répondre à des besoins statutaires de formation en matière de santé et d'hygiène et ne conduisent pas nécessairement à l'obtention de diplômes.

Le projet de loi du gouvernement de Gordon Brown veut désormais faire coïncider les besoins des salariés et ceux des employeurs.