L'énervement monte, les personnes n'en peuvent plus des complications d'entreprise. Bien sûr, on leur explique régulièrement que le monde est complexe, que l'économie mondiale rugit, et qu'il n'y a aucun temps à perdre car les rapides s'en sortiront mieux que les lents. Mais cette situation justifie-t-elle toutes ces tracasseries quotidiennes ? Dans de nombreux cas, la frontière entre complexité et complication s'est évanouie. De ce fait, l'aspiration à la simplicité revient en force, comme une révolution silencieuse. Mais comment simplifier, me demandait l'autre jour un manager ?

Peter Drucker, consultant américain célèbre, souvent surnommé le pape du management, suggérait de passer au crible les tâches régulièrement accomplies par l'entreprise. Et au lieu de se demander « à quoi sert cette tâche ? », car on trouve toutes les justifications possibles à ce qu'on a l'habitude de faire, s'interroger autrement : « Si l'on arrêtait de faire cette tâche, les conséquences seraient-elles dramatiques ? ». Evidemment, il conseille de faire l'exercice en équipe, pour que toutes les personnes concernées par le système en cause puissent donner leur point de vue et accepter l'élimination de l'inutile. L'inutile, c'est ce qui n'apporte aucune valeur pour le client et ne facilite pas le travail de l'équipe. Combien de procédures auraient ainsi besoin d'être révisées ? Combien de pratiques consommatrices de temps et d'énergie pourraient être allégées, voire supprimées ? Mais plongés jusqu'au cou dans la complication, nous nous donnons rarement le temps de cette réflexion.

Simplifier, c'est aussi ne pas en rajouter. Le mieux est parfois l'ennemi du bien, la perfection n'est pas de ce monde. N'en rajoutons pas à nos collaborateurs ou équipiers par des exigences pointillistes ou surdimensionnées. Le micro-management, c'est la mauvaise habitude de contrôler tous les détails d'une tâche déléguée à d'autres et d'embêter les personnes avec des exigences tatillonnes. Rien de mieux pour tuer la confiance et épuiser les troupes.

Communiquer plus directement, sans laisser s'installer de conflits relationnels, aide considérablement à simplifier. Tant de tensions naissent de négligences ou d'incompréhensions non traitées à temps. Dans le domaine interpersonnel, simplifier revient donc à faire preuve de courage...

Simplifier, c'est encore adopter des habitudes de développement durable, retrouver une certaine mesure, consommer moins ou autrement, arrêter d'empiler des choses que l'on n'a même pas le temps d'utiliser. Pour certains, c'est aussi revenir aux vraies valeurs, ne pas se tromper de combat en perdant sa vie à la gagner. Plus la vie intérieure est riche, d'ailleurs, moins la frénésie s'exprime.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. (lesagetconseil@wanadoo.fr)