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Les tabous de l'externalisation

Dossier | publié le : 10.06.2008 |

L'externalisation de la formation (gestion, logistique...) serait un marché en développement, selon les prestataires de ce type de service. Mais le sujet comporte des tabous : nombre d'entreprises, en effet, n'aiment pas en parler. En outre, les tensions entre opérateurs privés et Opca risquent de s'accroître avec la réforme de la formation en cours.

«Je ne sais pas faire ; je n'ai pas envie de le faire ; je n'ai plus envie de le faire ; je dois me concentrer sur des choses plus importantes... Alors, je fais faire par d'autres : j'externalise. »

La formation professionnelle est déjà adepte de l'externalisation. La gestion financière et, parfois, administrative est, depuis longtemps, largement externalisée auprès des collecteurs de fonds (Opca). De même, nombre d'actes pédagogiques réalisés en entreprise le sont via des intervenants externes. Dans ces conditions : qu'externaliser de plus ? Jusqu'où ? Et, subsidiairement, avec quels objectifs ?

Le cran au-dessus, c'est l'externalisation d'autres prérogatives : pilotage des relations avec les prestataires de formation et vérification de leur respect des cahiers des charges ; pilotage de la logistique ; planification des sessions ; centralisation des attestations de présence, des factures et des dossiers d'évaluation ; vérification des tarifs facturés ; aide à la rédaction de cahiers des charges, au dépouillement et à la présélection d'appels d'offres ; voire aide à l'ingénierie et à l'analyse des besoins...

Améliorer la qualité

Cette externalisation, selon ses promoteurs, vise à améliorer la qualité du processus de formation : mieux analyser, mieux sélectionner, mieux piloter... et à faire des économies. A écouter les opérateurs privés d'externalisation, la demande des entreprises pour ce genre de service se développe (sous des formes variées et avec des intensités variables). Il est vrai que les entreprises pro-externalisation s'expriment, dans ce dossier, avec conviction et précision, mais nombres de refus de témoignages nous ont été opposés.

Un sujet encore délicat

Ainsi, des prestataires d'externalisation comme IBM Global Service, Accenture, Demos, Merlane, Cap Evolution ou Caraxo-conseil n'ont pu convaincre leurs clients de nous raconter leur expérience. De même, de grandes entreprises utilisatrices de ce service, comme Renault ou la Société générale, n'ont pas répondu à nos demandes. Le sujet serait encore tabou et délicat à manipuler : inquiétude des responsables formation de se voir dépossédés, inquiétude de la réaction des partenaires sociaux...

Outre l'aspect « moins on en parle, mieux ça vaut », le sujet de l'externalisation de la formation comporte une autre source d'inquiétude et de tension : à qui doit revenir ce marché ? Et d'ailleurs, y a-t-il vraiment un marché ?

Tension croissante

Ce questionnement traduit la tension croissante entre les opérateurs privés d'externalisation et les Opca. Les premiers reprochant à certains de considérer un peu trop rapidement ce type de service comme une simple extension du domaine d'activités des Opca. Et ce, d'autant plus que, si les Opca sont réduits en nombre, comme le laissent penser les bruits de réforme, on imagine mal les nouveaux collecteurs, plus «gros», se désintéresser de cette question.

Appel au Président

Le 27 mai dernier, un séminaire Circé traitait justement des «problématiques juridiques de la réforme annoncée des Opca» ; et ses conclusions, assez négatives sur les possibilités de développement de prestations nouvelles par les Opca, renforceront les revendications des représentants des opérateurs privés. D'ailleurs, l'un d'eux, agacé à la lecture des rapports et des avis sur la réforme, a décidé d'écrire, en février dernier, au président de la République pour « l'alerter sur la question de l'existence d'un marché sincère et concurrentiel ». Il assure avoir reçu, en mai dernier, une réponse des services de l'Elysée affirmant que son message était transmis au ministre en charge du dossier...

Comment la feuille de route de la réforme, que le gouvernement devrait soumettre prochainement aux partenaires sociaux (créateurs et gestionnaires des Opca), reprendra-t-elle cette revendication ?

L'essentiel

1 Après la gestion financière et administrative et une bonne part de l'acte pédagogique, de nouveaux aspects de la fonction formation sont sujets à externalisation : relations avec les prestataires, logistique, préfacturation...

2 La complexification du monde de la formation joue en faveur de l'externalisation, mais elle inquiète les responsables formation qui ne la maîtriseraient pas.

3 Face à la réforme possible, quel opérateur va prendre ce «marché» ? Les Opca ou les prestataires privés ?