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Les pratiques

Pologne Les Polonaises à la conquête de leurs droits

Les pratiques | publié le : 03.06.2008 |

Les Polonaises participent de plus en plus aux instances du dialogue social dans les entreprises et sont parfois à l'origine de conflits sociaux. DRH et sociologues estiment que cette émancipation dans le travail sera plus rapide que dans d'autres pays.

Février 2008. A Tychy, près de Katowice, les caissières de l'hypermarché Tesco cessent le travail pour revendiquer l'augmentation de leurs salaires. En Pologne, c'est la première grève dans la grande distribution et la première fois qu'un tel mouvement est pris à l'initiative de femmes. « Nous allons multiplier ce type de mobilisation », affirment, aujourd'hui, les femmes, responsables du syndicat «Août 80» à l'origine du mouvement, une organisation plus modeste, mais aussi plus radicale que Solidarnosc.

Des femmes de mineurs manifestent

Décembre 2007. Grève à la mine Budryk, en Silésie : 500 mineurs restent «au fond». En surface, leurs femmes prennent le relais et, dans les rues de la capitale, elles manifestent pour les représenter. Sept Polonais sur dix soutiennent le mouvement. Six mois plus tôt, dans toute la Pologne, les infirmières s'étaient mises en grève. Ce mouvement avait duré vingt-cinq jours, et, à Varsovie, face au siège du gouvernement, les blouses blanches avaient installé un village de tentes pour y camper dans l'attente de négociations.

20 % de femmes parmi les chefs d'entreprise

Cette nouvelle présence active des femmes se constate aussi - bien sûr - dans d'autres domaines que les conflits sociaux. Ainsi, dans le pays, on recense beaucoup de «femmes d'affaires» : 20 % des chefs d'entreprise sont des femmes ! « Leur niveau d'études supérieures est souvent élevé et leur dynamisme va de pair. C'est également grâce à leurs connaissances que les femmes modifient leur rapport au travail », constate Jacek Kowalski, DRH à TPSA (télécommunications).

A Wroclaw - autre exemple -, il existe, aujourd'hui, une entreprise de bâtiment... sans hommes. Redam, c'est son nom, a été créée par des femmes et pour des femmes. Ses carnets de commandes sont pleins pour plusieurs mois. Ses ouvrières terminent les appartements, crépissent les murs, posent carrelages et parquets.

Quels sont les critères d'embauche ? « Il suffit d'avoir beaucoup de volonté, de ne pas traîner au travail, de respecter les délais de livraison et... d'être femme », répond Irena Kucharska, Pdg de Redam. Ex-conductrice d'autobus, cette femme a créé une entreprise sans hommes, tout simplement... parce que les femmes représentent 60 % des chômeurs en Pologne. Une pratique qui pourrait se révéler illégale, le code du travail polonais bannissant, dans plusieurs de ses articles, la discrimination par le genre en matière d'embauche, de signature ou d'annulation du contrat de travail. Mais l'entreprise, qui ne souhaite pas contrevenir à la législation en vigueur, indique que, pour l'heure, aucun candidat à l'embauche ne s'est présenté, peut-être en raison de sa réputation féministe.

Faibles écarts de rémunération

« Depuis 1990, la société polonaise continue à évoluer, et la situation des femmes au travail est en train de se désenclaver », commente une sociologue. Un signe clair de cette évolution : les disparités de rémunération, relativement faibles. En Pologne, dans le secteur privé, les écarts de salaires entre hommes et femmes se situent entre 16 % et 18 % à travail identique. En France, ils peuvent atteindre de 22 % à 25 %.