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Les pratiques

KP1 bâtit sur l'expérience des seniors

Les pratiques | publié le : 03.06.2008 |

L'industriel du bâtiment capitalise sur la transmission du «tour de main» de ses ouvriers de plus de 50 ans. Une action qui lui a valu de recevoir, début mai, un président de la République mobilisé par l'emploi des seniors.

En se rendant, le 6 mai, sur le site industriel de KP1 à Pujaut, dans le Gard, le président de la République a tourné tous les regards vers la gestion des compétences des ouvriers «seniors» pratiquée par le fabricant avignonnais d'éléments préfabriqués pour le bâtiment. KP1 produit des poutrelles et des dalles en béton précontraint et des planchers directement expédiés sur les chantiers de ses clients. L'entreprise s'attache à jeter un pont entre les générations en mobilisant des seniors pour former des nouvelles recrues peu aguerries. Une attitude que le président juge trop peu partagée. Nicolas Sarkozy a dénoncé « un racisme de l'âge qui prive la France de compétences ».

Adaptation aux évolutions des métiers

Chez KP1, un quart des 1 570 salariés ont plus de 50 ans, et 12 %, plus de 55 ans. Une proportion qui oblige l'industriel à se préoccuper de leur motivation, de leurs compétences et de leur fin de carrière. « C'est une absolue nécessité, juge Michel Nardone, directeur des ressources humaines de KP1. Faciliter leur adaptation aux évolutions de leurs métiers est une priorité ; nous n'avons jamais eu de politique d'incitation au départ anticipé des salariés. » D'autant que l'entreprise, en pleine croissance, recrute à tour de bras : 250 personnes pour la seule année 2007, dont 160 créations de poste. « Nous recrutons en fonction des compétences, pas de l'âge », insiste Michel Nardone. Les seniors ont représenté 10 % des recrues de 2007.

Un savoir-faire individuel

Certains processus de fabrication sont encore basés, en grande partie, sur le savoir-faire individuel plus que sur l'automatisation ou la mécanisation. Aussi l'usine de Pujaut, où travaillent 200 personnes en production, a été le site pilote d'une action de «transmission du savoir-faire de l'expérience». Elle a été menée avec le cabinet- conseil Itaque, du Pontet, spécialisé en ressources humaines et organisation du travail, porteur du projet Equal «Compétences quinqua». Il a développé la méthodologie et les outils de formation.

Tout a démarré, en 2005, par l'atelier des poutrelles du site de Pujaut, où apparaissaient de nouvelles machines. Des ouvriers expérimentés ont été identifiés et formés au tutorat. Hors de toute hiérarchie, ils ont transmis leur expérience aux nouvelles recrues via un «banc de production-école». Cet outil de formation a aussi permis d'améliorer l'ergonomie des postes et de diminuer la pénibilité du travail.

La méthode a essaimé, ensuite, sur les 21 sites de production de KP1. Au total, 100 personnes - seniors et jeunes - ont été impliquées à ce jour. « C'est une solution excellente pour la motivation et l'épanouissement des hommes », juge le patron de KP1, Jean-François Trontin.

Evolution de carrière possible

Le besoin en formation continue d'être important, puisque l'entreprise recrutera « plus d'une centaine de personnes en 2008. Si le besoin est là, nous pouvons facilement reproduire la formation, juge le DRH. Mais il n'est pas question de cantonner les seniors à un rôle de tuteur. Ils ont droit à des opportunités d'évolution de carrière comme chef d'équipe, par exemple ».