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Des objectifs déjà dépassés

Enquête | publié le : 03.06.2008 |

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Des objectifs déjà dépassés

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A la suite d'une inondation en décembre 2003, Panzani ferme son usine de riz Lustucru à Arles ; 146 salariés sont licenciés. Le groupe agroalimentaire, qui a largement doté le fonds de revitalisation, au-delà de son obligation légale, revendique aujourd'hui 330 emplois créés ou programmés.

Une dotation « exceptionnelle » et une « forte mobilisation en réseau » des acteurs privés et publics : c'est ainsi que la société Sodie explique les résultats obtenus sur le bassin d'Arles, quatre ans après l'arrêt de l'activité de l'usine Lustucru Riz.

Fermeture définitive

Le site avait été victime des inondations de décembre 2003. En dépit des 15 millions d'euros versés par les assurances, le propriétaire, le groupe agroalimentaire Panzani, avait estimé que la réhabilitation coûterait trop cher. Résultat : l'usine ferme définitivement en février 2004 et 146 personnes perdent leur emploi.

En mars 2005, Panzani injecte 3,8 millions d'euros dans la convention de revitalisation, soit quelque 26 000 euros par salarié licencié. « Nous sommes bien au-delà de l'obligation légale », fait remarquer Michel Peudevin, directeur des opérations de Panzani. Idem pour le nombre d'emplois créés : « 330 emplois en CDI sont programmés, dont une partie très significative déjà créés », indique Jean-Luc Salasca, consultant de Sodie, qui réserve la primeur des chiffres à l'ultime comité de pilotage, prévu courant juin.

Quarante-trois dossiers, dont huit projets de création d'entreprise, présentés par des ex-Lustucru, ont été examinés et validés par le comité d'engagement, coprésidé par le sous-préfet et Panzani, et composé de représentants des acteurs locaux, comme la Drire et la direction du travail.

Double prospection

Sur les 330 emplois programmés, 240 le sont dans des entreprises du bassin d'Arles. Pour la plupart, elles exercent dans le secteur de l'industrie et des services à l'industrie. « Nous avons fait une double prospection, endogène et exogène. La première donne davantage de résultats. Les PME locales sont très dynamiques, elles ont des projets de développement et donc de créations d'emploi. La création exogène est plus aléatoire. La décision de s'implanter sur un territoire ne se fait pas tant sur les aides financières que sur le foncier disponible, et sur la pertinence de l'environnement pour le business de l'entreprise », explique Jean-Luc Salasca. Au final, cinq entreprises extérieures au territoire se sont laissé convaincre, créant 90 emplois.

Le profil des 330 emplois est «standard» : 70 % correspondent à des postes d'ouvrier ou d'employé ; 20 %, à des postes de maîtrise, et le reste, à des cadres. Les indicateurs retenus ne permettent pas de dire avec exactitude le niveau de qualification. Quelques-uns ont bénéficié aux ex-Lustucru. L'aide à l'embauche, de 5 000 euros, était alors majorée de 10 000 euros. « Outre les huit créateurs d'entreprise, nous avons subventionné 25 emplois pour des ex-Lustucru et 18 aides à la formation », précise Sodie.

Scepticisme syndical

Mais, de son côté, Serge Bonutti, ex-délégué syndical CGT de Lustucru Riz, affiche son scepticisme : « Tout le monde se congratule et parle de réussite, mais rien ne permet de vérifier la véracité de tous ces chiffres. »

A ce jour, Panzani a engagé, par l'intermédiaire de Sodie, 1,93 million d'euros en subventions à l'embauche, et 1,18 million de prêts participatifs, en partenariat avec la banque Oseo BTPME. Le groupe a aussi investi 730 000 euros dans le financement d'actions collectives, dont 500 000 euros dans les travaux de reconversion de l'usine où des sociétés ont commencé à s'installer. D'ici à la fin de l'année, 80 personnes devraient y travailler. Pour l'instant, Sodie a essuyé un unique échec. Le projet d'un centre d'assistance téléphonique, très médiatisé à son lancement, a rapidement mal tourné. Les 60 personnes recrutées ont été licenciées. Mais les aides à l'embauche n'avaient pas encore été versées.

Pour le reste, le succès est au rendez-vous. « Les conventions de revitalisation sont des dispositifs intéressants, parce qu'ils permettent d'accélérer et de conforter des projets de développement d'entreprises, qui produisent des résultats tangibles en termes de créations d'emploi », insiste Jean-Luc Salasca.

Jean-Pierre Jacquet, président du directoire du Lerm, un laboratoire d'étude des matériaux de construction, confirme : « Nous avons créé une filiale qui a embauché quatre personnes, et recruté huit nouveaux collaborateurs dans la société initiale. Le projet existait déjà, mais grâce au fonds de revitalisation et à l'accompagnement de Sodie, nous avons réduit le risque d'échec et nous sommes allés plus vite que prévu. »