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Les pratiques

Canada Ces cadres drogués au BlackBerry

Les pratiques | publié le : 27.05.2008 |

Le BlackBerry, terminal de poche qui combine les fonctions téléphone, Internet et courriel, est devenu une drogue pour certains cadres. Des séminaires se créent pour lutter contre cette dépendance.

«Mon nom est Luc. Je suis drogué au BlackBerry. Je travaille toute la journée avec lui, et ma femme doit crier la nuit pour être certaine que je n'y touche plus », confie cet internaute sur crackberry.com, un forum Internet des maniaques du petit boîtier. L'expression «Crackberry» fait d'ailleurs référence au crack, la drogue.

« Le BlackBerry peut être une vraie drogue si l'on ne sait pas comment le configurer de façon adéquate. Quelqu'un est accro à partir du moment où l'utilisation de l'appareil est devenue incontournable. Cette personne ne peut plus se lever le matin ni se coucher le soir sans vérifier son BlackBerry », déclare Sandrine Gressard Bélanger, présidente de Jasabel, une société montréalaise qui dispense des formations en technologie de l'information. L'an dernier, lors d'une panne des serveurs de BlackBerry, Joe Shoemaker, porte-parole du sénateur de l'Illinois, Dick Durbin, a dit : « C'est comme si je m'étais fait amputer le bras gauche. »

Désintoxication

Au Canada, où le BlackBerry a été inventé en 1999 par Research in Motion (RIM), une entreprise de Waterloo, en Ontario, mais aussi aux Etats-Unis, le petit appareil est devenu une extension de la main de millions de cadres. Nombre de séminaires montrent à ces derniers comment s'en désintoxiquer.

François Gamonnet, président de l'Institut de gestion du temps, apprend aux cadres à gérer les surcharges de courriels et les priorités : « Je conseille aux participants de configurer leur BlackBerry de manière à ce que lorsqu'un courriel rentre, aucun son ou vibration ne se produise. Ainsi, ce sont les utilisateurs qui choisissent quand ils vérifient leurs courriels. Ils gardent le contrôle sur leur agenda au lieu de travailler selon l'agenda de quelqu'un d'autre. Je leur explique qu'ils ont le droit et le devoir de ne pas toujours répondre ni lire ce qui rentre sur cet outil. »

Rick Ueno, directeur de l'hôtel Sheraton de Chicago, propose à ses clients de mettre sous clé leur BlackBerry pour le temps de leur séjour. « J'étais vraiment accro. J'ai réalisé que c'était dangereux pour ma santé », déclarait, il y a peu, l'hôtelier à CBS Chicago. Certaines entreprises, comme le quotidien anglophone montréalais The Gazette, ont décrété une journée mensuelle sans BlackBerry pour leurs cadres. La tendance des «E-mail Free Fridays» est d'ailleurs en hausse.

« Gardez le contrôle de vos horaires »

Au Canada, où la majorité des cadres terminent leur journée de travail vers 17 heures, le BlackBerry a changé les relations professionnelles, puisque, désormais, bien des patrons n'hésitent plus à joindre leurs salariés le week-end. Sandrine Gressard Bélanger conclut : « Gardez le cap sur vos objectifs et contrôlez votre horaire. Ne laissez personne d'autre le faire. »