La dématérialisation de l'économie, ce sont, bien sûr, Internet et l'avancée prodigieuse des nouvelles technologies de l'information et de la communication, mais c'est aussi la dématérialisation des richesses au nom du profit lui-même. Les pays riches ont, ainsi, progressivement vu leur industrie se volatiliser à l'avantage des pays à bas coûts, puis leur secteur tertiaire, lui aussi menacé au nom de cette même logique de la rentabilité.

Mais cela n'est encore rien. A mesure que cette mutation économique s'accomplissait, une vague de fond bien plus forte affectait l'économie : le déplacement de la valeur des biens et des services à celle de l'argent lui-même. Le capitalisme se réduit de plus en plus à une pure spéculation sur le capital, et tant pis si le monde doit y laisser son fragile équilibre. Les différences de revenus ont, en quelques décennies, été multipliées par 100 et les classes populaires et moyennes ne cessent de s'appauvrir, tandis que les financiers multiplient leurs profits dans des proportions vertigineuses.

Solveig Godeluck et Philippe Escande, tous deux journalistes aux Echos, ont enquêté pendant un an pour démêler les tenants et les aboutissants de cette logique spéculative, qui débite l'économie française en appartements pour les revendre aux plus offrants, faisant, au passage, de substantiels bénéfices sur le dos des salariés.

Avec cet ouvrage, les fonds de pensions, d'investissements et autres hedge funds ne devraient plus guère avoir de secrets pour les lecteurs. P. R.