«Agir sur le quotidien, préparer l'avenir. » La «base line» du blog de la SNTA-CFDT de Brit Air, compagnie régionale de transport aérien, filiale d'Air France, affiche ses ambitions. Il compte bien être un acteur pesant dans la vie de l'entreprise. C'est, en effet, la vocation qu'il s'est donnée lors de sa création, en 2006. A son bord : Joël Dahan, délégué syndical : « Notre propos était de créer un support capable d'informer nos salariés itinérants et de créer un lien continu avec eux », explique son fondateur, insatisfait de l'inertie et de la lenteur incontournable vécues à l'époque du support papier. « Lorsque l'on sortait de négociation avec la direction, on rédigeait une synthèse, puis un tract. Nous étions ensuite obligés d'aller à la centrale syndicale pour l'imprimer et, enfin, distribuer, dans les casiers des salariés, notre argumentation. Comme ils étaient rarement présents, ils n'en prenaient connaissance que très tardivement. »

Aujourd'hui, le problème ne se pose plus. Tout est mis en ligne le jour même. Mieux, les salariés peuvent réagir, à visage découvert ou non. Les syndicalistes encartés sous d'autres enseignes sont aussi les bienvenus. Dès qu'une contribution parvient sur le blog, Joël Dahan la met en ligne dans la foulée, à condition que les propos restent dans les limites du raisonnable. « Véritable tribune libre, il médiatise le ressenti des salariés et engage les débats, explique ce dernier. Il est le cordon ombilical avec les salariés, du fait de notre activité très décentralisée. Ils savent ce qui se discute, qui signe quoi et ce qui va se passer. » L'intitulé des rubriques donne d'ailleurs le ton : «accords & désaccords», «injustice», «dialogue »... Le tout dans un langage accessible à tous. Pour autant, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver dans la masse d'articles publiés.

Pour la direction de Brit Air, ce site n'apporte rien au dialogue social. Son président, Marc Lamidey, explique, en effet, l'avoir consulté, il y a un an. Aujourd'hui, plus du tout : « J'y ai lu des informations inexactes, des jugements de valeur et observé le colportage de rumeurs et l'emploi de nombreuses caricatures. Je ne suis pas certain que ce site réponde à une quelconque recherche d'informations. » Il déplore, par ailleurs, l'emploi récurrent de pseudos. « Certes, ils permettent une totale liberté d'expression. Pour autant, cette liberté aboutit souvent à des excès. »

Pour Joël Dahan, la direction réagit ainsi car elle voit dans le blog un moyen de concurrencer sa communication institutionnelle. Quoi qu'il en soit, il est aussi, selon lui, une manière de rapprocher les salariés de l'action syndicale. « Dès qu'ils veulent savoir ce qui se passe chez Britair, ils se connectent. Ils ne sont pas assaillis de tracts comme par le passé. Ils font leur marché et ne consultent que les sujets qui les touchent et, surtout, ceux qui font l'objet de commentaires particulièrement véhéments. » Et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, une rubrique existe afin d'adhérer au syndicat.

Pourquoi le choix d'un blog plutôt qu'un site Internet classique ? « Pour une question de coût et de maniabilité de l'outil », répond le syndicaliste, qui, s'il admet avoir la bénédiction de sa confédération, ne reçoit aucune aide de sa part. Il demeure le seul animateur et se qualifie lui-même d'électron libre, même s'il prévoit, en ligne, quantité de liens utiles comme ceux de l'intranet de l'entreprise, du comité d'entreprise et des autres sections syndicales.

Autre rubrique pratique : un lien vers le site de l'entreprise permet aux personnels navigants de la compagnie de consulter leur planning personnel de vol. Autant de contenus susceptibles d'attirer les salariés. Les projets de Joël Dahan vont d'ailleurs dans ce sens. Il pense, ainsi, à offrir davantage de services, comme la publication de petites annonces sur des sujets aussi divers que l'échange de vols, la recherche d'une colocation pour des salariés habitant loin de leur base. L'idée ? Améliorer la communication entre les personnels navigants qui utilisent encore, pour ce type de demande, des «post-it» collés dans les salles d'équipage. Un moyen, en tout cas, d'entrer sur le blog pour ensuite être routé vers l'actualité sociale de l'entreprise.

C. L.

• Effectifs de l'entreprise : 1 350 salariés.

• Site : <www.cfdtbritair.fr>

• Date de création : 2006.

• Fréquentation : 120 000 visiteurs depuis sa création, dont 14 000 visiteurs uniques.