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Des syndicats bien installés sur le Net

Dossier | publié le : 20.05.2008 |

Depuis longtemps présents sur Internet, les syndicats s'efforcent de doper la fréquentation de leurs sites en proposant toujours plus de services aux fonctionnaires et d'informations pour tous.

Parce qu'ils drainent de gros volumes d'adhérents (1) disséminés sur tout le territoire, les syndicats de la fonction publique ont très vite pris le pli de la communication électronique. « C'est lors du mouvement de grève de décembre 1995 que nous nous sommes rendu compte que nous avions perdu notre avance acquise grâce au Minitel », se souvient Claudie Martens, cosecrétaire générale du Snes (Syndicat national des enseignements de second degré), affilié à la FSU. « Nous avons eu de gros problèmes de communication avec nos militants et nous avons compris qu'il nous fallait rapidement nous greffer sur Internet. » L'année suivante, le site du Snes était créé.

En temps réel

Pour les syndicats, le passage sur le Net aura été décisif pour diffuser les mêmes informations en temps réel à tous les responsables de section chargés d'aller porter la bonne parole sur le terrain. Mais aussi pour gagner en visibilité auprès des sympathisants, des médias et des ministères de tutelle, souvent les premiers à aller prendre la température sociale sur le web.

« Lors de la création du site, en 2001, je me suis préoccupé immédiatement du référencement pour apparaître en bonne place dans les moteurs de recherche », témoigne Denis Jacob, chargé de communication et webmaster du site d'Alliance Police nationale (affilié à la CFE-CGC). Trois ans plus tard, le syndicat obtenait un accès à l'intranet du ministère de l'Intérieur, « ce qui a plus que doublé la fréquentation du site, qui accueille, aujourd'hui, entre 2 000 et 3 000 visiteurs uniques par jour », avance-t-il. Le référencement est également l'une des préoccupations du Snes, dont le site est en cours de refonte. Une chasse aux internautes, dont le principal enjeu est le gain d'audience aux élections professionnelles. Mais pas seulement.

S'ouvrir au dialogue

Pour Alliance, il s'agit aussi de s'ouvrir au dialogue et de changer l'image de la police nationale, qui a vécu en vase clos pendant de nombreuses années. « Il y a un climat de suspicion permanent vis-à-vis des policiers, observe Denis Jacob. Mais de plus en plus de gens interviennent sur le forum pour essayer de comprendre qui nous sommes et comment nous fonctionnons. » De son côté, le Snui (Syndicat national unifié des impôts) n'entend pas seulement défendre les intérêts des agents, inquiets au sujet de la fusion impôts-Trésor public. Il veut aussi participer au débat public sur la fiscalité en captant l'attention des internautes en quête d'informations sur le sujet.

Fidéliser

Attirer les visiteurs est une chose. Fidéliser et inciter les sympathisants à adhérer en est une autre. Les syndicats de la fonction publique, présents sur la Toile, pour certains, depuis plusieurs années, l'ont bien compris. Pour le Snes, il était d'ailleurs temps de changer de braquet. « Le site s'est construit par empilements successifs de différentes parties. Son architecture n'était plus adaptée », explique Claudie Martens, qui a fait appel à une société spécialisée pour repenser le contenu éditorial. Au menu de la nouvelle version : une meilleure interactivité avec les adhérents, ainsi qu'un renforcement des contenus métier et une mutualisation des expériences, plébiscités par les enseignants. Elle intégrera également la vidéo, « un vrai moyen d'expression revendicatif », selon la cosecrétaire générale du Snes.

Pour Alliance, c'est également la course aux nouvelles fonctionnalités. « En 2001, j'ai eu carte blanche du secrétaire général de l'époque, qui était persuadé qu'Internet était une voie d'avenir pour le syndicalisme », se souvient Denis Jacob. Outre le forum (7 000 abonnés), qui offre aux fonctionnaires de police une certaine liberté d'expression, le site est doté d'un espace «chat» et permet de visionner en ligne toutes les interventions médiatiques de la police nationale.

Prestataires de service

« Depuis l'ouverture du site, nous avons lancé une guerre de la communication et nous sommes devenus prestataires de services », analyse-t-il. Le constat est le même partout : « 90 % des questions qui nous parviennent sont posées par des collègues non syndiqués », reconnaît Jean-Michel Daüy, secrétaire général national du SAFPT (Syndicat autonome de la fonction publique territoriale), dont le site affiche une fréquentation en nette hausse.

Reste aux sites web à placer correctement le curseur entre l'information accessible à tous et celle délivrée aux seuls adhérents. La question taraude les syndicats, qui estiment que le Net, pour incontournable qu'il soit, n'a pas vocation à se substituer à l'action de terrain.

(1) Avec 15,2 % de salariés syndiqués sur la période 2001-2005, le taux de syndicalisation dans les fonctions publiques est trois fois supérieur à celui des entreprises, selon une étude de la Dares d'avril 2008.

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