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Les pratiques

Grandes manoeuvres au sein du personnel de l'armée

Les pratiques | publié le : 13.05.2008 |

D'une part, l'armée doit diminuer le nombre de ses postes de fonctionnaire, de l'autre, elle doit continuer d'attirer des contractuels. La victoire dépendra des moyens mobilisés.

Aux armées, les temps sont à la manoeuvre. Ce n'est pas une mais deux réformes d'organisation qui sont en cours. La première, c'est l'application de la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui prévoit, pour toutes les administrations, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Cela représente la suppression de 6 000 postes par an pendant six ou sept ans. La deuxième, qui fait l'objet d'un livre blanc, dont le contenu sera dévoilé le 19 juin, c'est la feuille de route que la Nation confiera à l'armée pour les années à venir. Y seront déterminés ses besoins en hommes et en équipements.

Mais, d'ores et déjà, l'institution militaire est appelée à rationaliser ses structures. La raison ? Il faut, selon le ministère de la Défense, dimensionner autrement l'armée. Le terrorisme a succédé à la guerre froide, et les besoins changent. Une réorganisation complète du personnel est la clé de cette modernisation. Les fonctions de soutien vont être regroupées en pôles interarmées.

Minorer le coût humain

Localement, cela va impacter fortement l'emploi. En effet, des régiments vont fermer, et le flux de départs volontaires ne suffira pas à régler les problèmes sociaux qui vont inévitablement se poser. L'armée avoue discrètement qu'elle a besoin d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) pour minorer le coût humain des décisions techniques qu'elle a à gérer.

Et Hervé Morin, ministre de la Défense, député UMP de l'Eure, n'a pas l'intention d'abandonner ses troupes en rase campagne. Aussi a-t-il écrit à François Fillon, le 28 mars dernier, pour lui demander des outils d'accompagnement social adaptés à l'ampleur de la réforme.

La lettre, diffusée par le site Internet Secretdéfense, réclame une contrepartie à la réduction des effectifs : augmentation de l'intégration des militaires au sein de la fonction publique ; création d'« un pécule modulable d'incitation à une seconde carrière pour les militaires âgés de 50 ans, dont le versement d'une partie du montant sera conditionné par la reprise d'une activité professionnelle » ; congé spécifique pour les créateurs d'entreprise ; indemnité spécifique de préparation à la reconversion ; pension de retraire majorée pour les plus de 50 ans, étendue aux sous-officiers de carrière.

Hervé Morin plaide la cause des militaires en soulignant que l'effort « s'appliquera de façon très importante aux fonctions de soutien, au sein desquelles la population militaire est plutôt en seconde partie de carrière, et dont les perspectives de reconversion sont, en conséquence, plus difficiles ».

En tout, la Défense emploie 427 000 fonctionnaires, dont 100 000 gendarmes, qui ne sont pas concernés par les réformes. Reste 70 000 postes civils et 257 000 postes répartis entre 92 000 militaires de carrière et les contractuels. Ainsi, l'armée de terre, c'est 38 450 soldats du rang et 95 200 sous contrat.

Service de reconversion

Pour les contractuels en fin de contrat, l'armée a mis en place un service de reconversion, pièce essentielle de sa politique de ressources humaines. Et Hervé Morin n'hésite pas à se faire le VRP des soldats auprès des grandes entreprises avec lesquelles il signe des conventions de partenariat facilitant le passage du militaire au civil. En effet, plus de 30 000 militaires, sous contrat ou de carrière, quittent chaque année le service actif, dont 13 000 ont moins de quatre ans de services. Des jeunes donc, techniquement bien formés, et dont le ministre vante le savoir-faire : « Ils se lèvent le matin, ils savent recevoir un ordre, ils acceptent les missions à remplir. »

Bouygues Construction SA, AXA, Auchan, Chronopost... ont déjà signé. « Nous sommes des gros recruteurs, explique François Jacquel, DRH de Bouygues Construction. Nos besoins sont de 5 000 nouveaux entrants par an. Nous allons engager des militaires sur toute la France, sur tous les métiers, et certains se verront proposer une expatriation. »

Premier recruteur de France

L'accompagnement à la reconversion est une obligation pour l'armée. C'est l'argument qui lui permet de continuer à attirer de jeunes recrues à qui elle propose des contrats à durée déterminée. « On va continuer à proposer 25 000 postes par an, certifie Hervé Morin, ce qui nous place comme le premier recruteur de France. » Mais, fini la sécurité de l'emploi...