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« L'immigration peut être une mesure transitoire pour répondre aux tensions sur l'emploi »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 13.05.2008 |

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« L'immigration peut être une mesure transitoire pour répondre aux tensions sur l'emploi »

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E & C : Qu'est-ce que le projet Agora ?

F. S. : La Fédération méditerranéenne des ressources humaines (FMRH), regroupant les associations de DRH de tous les pays du bassin occidental de la Méditerranée, a décidé, en 2004, de s'appuyer sur une réflexion concernant les évolutions des métiers, des emplois et des compétences en Euroméditerranée. De là est né le projet Agora, réunissant chercheurs et professionnels de la fonction RH de ces pays. Bien évidemment, les questions démographiques constituent une part importante de ces travaux. Le constat est simple : les pays d'Europe ont une démographie décroissante et manquent de compétences dans certains secteurs, et ceux du sud de la Méditerranée ne créent pas assez d'emplois pour faire travailler tous leurs jeunes. Membre de la FMRH, tout naturellement, l'ANDRH a utilisé nos travaux pour faire des propositions qui ont été présentées début mars (lire Entreprise & Carrières n°901).

E & C : Les entreprises en France ont-elles besoin de main-d'oeuvre immigrée ?

F. S. : Contrairement à la Grande-Bretagne, à l'Italie ou à l'Espagne, la population active ne baisse pas en France. En revanche, le taux d'activité des 55-60 ans y est faible et les formations à certaines professions, comme infirmier ou médecin, ont produit peu d'élèves pendant des années. L'immigration peut donc être une mesure transitoire en attendant qu'arrivent des nouveaux jeunes diplômés, et que le taux d'emploi des seniors remonte.

E & C : D'ici là, pourquoi les entreprises ne recruteraient-elles pas les demandeurs d'emploi ?

F. S. : Il y a un problème d'adéquation : on ne fait pas d'un conducteur une infirmière. Quant à certains emplois non qualifiés, comme plongeur dans les restaurants ou manoeuvre sur un chantier, ils sont pratiquement réservés à des étrangers, parce que, justement, sans qualification et mal payés, donc pas reconnus.

E & C : Que pensez-vous de l'argument selon lequel l'immigration qualifiée prive les pays émetteurs de leurs cadres ?

F. S. : Une telle masse de jeunes arrivent sur le marché du travail dans ces pays que l'émigration qualifiée ne les saigne pas. Celle-ci existe d'ailleurs depuis longtemps sans qu'ils aient été pénalisés particulièrement. Ce qui manque d'abord dans ces pays c'est l'investissement et les aides pour les jeunes entrepreneurs. Enfin, il faudrait traiter différemment les chercheurs originaires de ces pays pour lesquels nous ne sommes pas assez attractifs. L'émigration est souvent pour eux la seule solution pour exercer leur métier. Mais qui se préoccupe du fait que la recherche est le vecteur de notre dynamisme économique de demain ? N'oublions pas que plus de la moitié des prix Nobel américains sont d'origine étrangère.

E & C : Les lois votées en 2006 et 2007 peuvent-elles favoriser l'immigration de travail ?

F. S. : Dans une grande entreprise industrielle possédant de nombreuses usines, chacune d'entre elles dédie une personne à plein temps à régler les questions administratives de ses salariés étrangers qu'elle veut faire venir en France pour les former. Or, les étrangers travaillent essentiellement dans les PME et les TPE. Ce sont elles qui, n'ayant pas de service RH, ont besoin de dispositifs simples. Créer des listes de métiers pour lesquels la situation de l'emploi n'est pas opposable ne leur est d'aucune utilité.