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La filière des filiales ne va pas de soi

Enquête | publié le : 13.05.2008 |

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La filière des filiales ne va pas de soi

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Des SSII françaises désireuses de faire venir des informaticiens étrangers travaillant dans leurs filiales au Maghreb sont confrontées à des difficultés administratives, économiques et culturelles.

Sylvain Breuzard, Pdg de la SSII Norsys, ne cache pas son scepticisme : « La nouvelle législation destinée à faciliter le recrutement d'informaticiens qualifiés ressortissants de pays hors Union européenne n'a, pour l'heure, pas changé grand-chose à la difficulté d'obtenir des autorisations de travail : selon la région (la société est implantée à Lille, Paris et Lyon, NDLR), on constate une grande disparité de traitement. Dans tous les cas, il est toujours nécessaire de se battre entre six et neuf mois, sans garantie. »

Entre 2006 et 2008, le dirigeant a essuyé quatre échecs sur les dix dossiers engagés dans le but d'impatrier des informaticiens employés par la filiale de Norsys au Maroc, pour une durée de douze à dix-huit mois. Un transfert visant à pallier les difficultés de recrutement rencontrées par cette société de 200 personnes, et à répondre au projet personnel de salariés marocains désireux, notamment, de se perfectionner en français.

La France délaissée

Sylvain Breuzard s'inquiète aujourd'hui de voir de jeunes Marocains renoncer à un départ pour la France au profit de pays plus souples en matière d'immigration, comme le Canada. Pourtant, selon les termes de la circulaire du 20 décembre 2007, les informaticiens d'études et les informaticiens experts font partie de la liste des 30 métiers permettant aux salariés des pays tiers d'obtenir une autorisation de travail sur l'ensemble des régions françaises, indépendamment de la situation de l'emploi.

Pour Yvan Béraud, secrétaire national du syndicat F3C CFDT en charge des SSII, les tracasseries administratives ne suffisent pas à expliquer la difficulté à faire venir en France des informaticiens étrangers. « Contrairement aux salariés non qualifiés du Maghreb dans les années 1960, qui connaissaient une réelle promotion sociale en étant recrutés par l'industrie automobile, les informaticiens marocains ou tunisiens diplômés appartiennent aujourd'hui à l'élite de leur pays, explique-t-il. Rien d'étonnant à ce qu'ils ne se bousculent pas pour venir grossir les rangs de la classe moyenne en France ! » Yvan Béraud ne considère pas davantage que l'implantation de filiales dans les pays à bas coût avantage les SSII françaises à la recherche d'informaticiens : « Leurs besoins de recrutement sur place ne sont pas non plus si faciles à combler. »

Incohérence

Président du Mouvement pour une union nationale des consultants en informatique (Munci), Régis Granarolo relève également la même incohérence : « L'immigration économique ne se contente pas d'entraîner un pillage des ressources humaines dans des pays qui se plaignent déjà d'une forte pénurie d'informaticiens, explique-t-il. Elle entre également en concurrence avec les propres besoins de l'offshore ! »

Gérant de la SSII FSystem, Mohammed Sendhi Boundab a, de son côté, renoncé à impatrier des salariés de sa filiale marocaine : « Nous suivons le marché. Nos clients, des banques principalement, poursuivent leur implantation sur place. Pour le moment, nos principaux besoins de recrutement sont donc là-bas : si transfert de personnel il y a, il s'agit aujourd'hui plutôt de salariés français que nous expatrions. »