La réalité de la discrimination est ancienne, mais le thème est récent. Au nom de l'égalité républicaine, il a longtemps été interdit de faire des différences entre les citoyens alors même que celles-ci crèvent les yeux et suscitent des stratégies d'acteurs d'autant plus efficaces qu'elles sont occultes : que ce soit au niveau de la recherche de logement, à l'école, lors d'un recrutement...

Dounia Bouzar, anthropologue du fait religieux, a réalisé une étude auprès de quelques grandes entreprises pour comprendre l'incidence de la catégorisation «musulman» et ses répercussions dans le domaine des discriminations à l'emploi et du travail d'équipe.

L'Europe est le continent le moins religieux et, parmi ses pays, la France est l'Etat qui l'est certainement le moins. Mais, là comme ailleurs, l'islam apparaît différent et conduit les politiques, les professeurs, les éducateurs, les managers, les DRH à tenir compte du fait religieux et donc à aborder l'islam autrement que pour les autres appartenances religieuses.

L'entreprise doit à la fois rappeler le principe de laïcité dans son fonctionnement et considérer tous les candidats selon les mêmes critères, mais elle doit aussi permettre au débat d'émerger sans stigmatisation, notamment en ce qui concerne la visibilité des signes religieux comme, par exemple, le port du foulard. Dans tous les cas, une direction qui assume ses critères de sélection facilite la cohérence du management.

Dounia Bouzar est anthropologue du fait religieux. Elle a fondé, en 2006, Dynamique Diversité, laboratoire d'idées, d'échanges et de propositions sur la gestion de la diversité.