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Les pratiques

Ces entreprises qui mettent leurs salariés au régime

Les pratiques | publié le : 29.04.2008 |

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Ces entreprises qui mettent leurs salariés au régime

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Timidement, les entreprises commencent à décliner des programmes d'hygiène alimentaire. Objectifs : prévenir les risques d'obésité et de maladies... et améliorer la productivité de leurs salariés.

«Le suivi pour maigrir est-il payant ? » « Pourquoi vaut-il mieux consommer un peu de vrai soda que du soda light sans restriction ? »... Depuis avril 2006, date de la mise en ligne du site intranet «Mieux vivre», dédié à l'amélioration de l'hygiène de vie, la boîte mail du service développement durable d'Axa ne désemplit pas. «Mieux vivre» s'adresse aux 16 000 salariés du groupe d'assurance en France. Cet intranet leur fournit de l'information nutritionnelle et des conseils de remise en forme. A la fin, il leur propose de calculer leur indice de masse corporelle (IMC).

En 2006, plus de 6 000 salariés ont osé le calcul. « Pour ceux qui ont un IMC supérieur à 25, indique Estelle Becuwe, responsable du développement durable, nous leur proposons un programme d'accompagnement personnalisé gratuit. » Le salarié se lance, alors, dans un bilan complet avec le médecin du travail ; 100 personnes se sont inscrites à la consultation du diététicien qu'Axa France propose, depuis cette année, sur ses six sites les plus importants. Les rendez-vous sont pris sur le temps de travail. En appui, pour tous les collaborateurs, des conférences sont assurées par le Dr Jacques Fricker, un nutritionniste réputé.

Assureur en complémentaire santé ayant une expertise en prévention, Axa a souhaité décliner, en interne, ce qu'elle conseille à ses assurés. « L'entreprise doit aussi participer à la vie de la cité, être en lien avec son environnement », ajoute Estelle Becuwe.

Et la nutrition, depuis le lancement, en 2001, du programme national nutrition santé (PNNS), est devenue un véritable enjeu de santé publique. « En France, 18 % des adultes sont touchés par l'obésité ; 20 % des femmes sont en surpoids et 40 % des hommes, indique Serge Hercberg, professeur de nutrition et rapporteur du PNNS. Obésité et surpoids sont des facteurs de maladies. Un combat a été engagé dans lequel les entreprises sont des relais majeurs. »

Manger bien pour mieux travailler

Depuis 2001, plusieurs sociétés se sont ralliées à cette cause. PSA Peugeot Citroën, Kraft Foods, Crédit agricole SA, Nestlé. « Les entreprises prennent conscience que la santé de leurs collaborateurs entre dans le cadre de leur politique de responsabilité sociale », explique Laurence Leguay, directrice adjointe de Protéines. Cette agence de conseil en marketing social et stratégie santé commercialise - pour un coût oscillant entre 50 000 et 80 000 euros - un programme nutrition à l'intention des DRH. Objectif : mettre à disposition des salariés les recommandations du PNNS.

Manger bien pour travailler mieux est aussi devenu le cheval de bataille de Sodexho, l'un des leaders de la restauration collective. Depuis 2006, un programme Equilibre, calé sur les préconisations du PNNS, est proposé à ses 800 clients. La formule de base (200 euros par an), à laquelle ont déjà souscrit 400 d'entre eux, propose de faire de la cantine un lieu d'informations sur l'équilibre nutritionnel. La formule médiane, qui a attiré dix entreprises, prévoit, en sus de la diffusion d'informations, d'afficher au menu une suggestion diététique, d'animer des campagnes thématiques et d'assurer des conférences. Enfin, pour 3 000 euros et 20 euros par intervention d'un diététicien, Sodexho propose des cours de cuisine et un coaching personnalisé. Aucune entreprise n'y a, pour l'instant, adhéré.

Bilans nutritionnels volontaires

« Force est de constater que la santé nutritionnelle n'est pas encore au coeur de l'action sociale des entreprises, avoue Benoît Mangenot, président de la fondation Isica, pôle alimentaire d'AG2R. Mais nous allons créer un effet d'entraînement. » Cette année, en effet, pour les 10 000 entreprises du secteur alimentaire, Isica lance un concours récompensant la contribution la plus innovante à la promotion interne de l'équilibre alimentaire. « Nous avons, précise-t-il, enregistré une vingtaine d'expériences ; les actions de formation sont les plus courantes, le coaching est plus rare. »

Précurseur, en 2003, de l'hygiène alimentaire sur le lieu de travail, le site rennais de PSA Peugeot Citroën (lire Entreprise & Carrières n° 731) dresse un bilan positif de son initiative. « Nous avons privilégié le contact direct plutôt que l'intranet. C'est un moyen plus adapté à notre population ouvrière, qui représente 76 % de nos 8 500 salariés », explique Eric Lévêque, DRH de l'usine. Parmi les salariés, dont la moyenne d'âge s'élève à 43 ans, 30 % étaient en situation d'obésité et 45 % en surpoids. « Anticiper sur les éléments sociologiques qui peuvent avoir des effets sur l'entreprise fait partie de la gestion des ressources humaines, affirme-t-il. Chez nous, le lien entre vieillissement et maintien en bonne condition physique s'impose. »

Depuis 2003, 1 200 bilans nutritionnels volontaires ont été réalisés par la médecine du travail et 324 salariés ont été coachés. Cette population a perdu, en moyenne, 4,3 kg. Résultat : un taux d'absentéisme maîtrisé, selon la direction. « Nous avons la chance de posséder un service médical composé de cinq médecins, une restauration dédiée et un service de communication interne. Tout le monde a tiré dans le même sens », note Eric Lévêque. Coût de l'opération baptisée «Santal» : 100 000 euros par an, dont 45 000 apportés par le PNNS.

Charte d'engagement avec le ministère

Créateur d'une dynamique nationale, le PNNS a, depuis, été suivi du PNNS 2, dont l'un des objectifs est de cibler les entreprises. D'ici à l'an prochain, il leur sera proposé de signer une charte d'engagement avec le ministère de la Santé et d'afficher le titre d'entreprise active du programme. Elles s'engageront à différents niveaux : communication active reprenant les outils du PNNS ; offre alimentaire (davantage de légumes, installation de distributeurs de fruits, de fontaines d'eau, mise à disposition de corbeilles de fruits) et offre d'activité physique, prise en charge par la médecine du travail. Dans quelques mois, il devrait aussi être possible d'acheter ses fruits et ses légumes avec ses titres restaurant. « Nous manquons encore d'études pour prouver qu'une alimentation équilibrée améliore la productivité, mais nous en soupçonnons le bénéfice collectif », assène Serge Hercberg. En attendant, les entreprises qui luttent contre la malbouffe ont toutes bénéficié d'un bon effet d'image.

Le Crédit agricole surveille la santé de ses salariés

Au restaurant d'entreprise du Crédit agricole, c'est «opération diététique» un jeudi sur deux. Dans les couloirs, les distributeurs de friandises proposent des pommes. Dans les bureaux, des affiches vantent l'activité physique. Enfin, sur l'intranet, un programme de conseils personnalisés en hygiène alimentaire est disponible.

Vivao, outil partenaire des salariés

Depuis juin 2007, le Crédit agricole s'est mis aux couleurs de Vivao. Cet outil d'accompagnement des salariés, validé par la médecine du travail, a pour but de les sensibiliser à une meilleure hygiène de vie et de favoriser le passage à l'acte dans le domaine de l'alimentation équilibrée et de la pratique d'une activité physique ; 41 000 salariés français sont concernés. « Le but de Vivao est d'être partenaire de nos salariés en les aidant à être acteurs de leur santé, explique Jean-Pierre Courtet, responsable des relations sociales groupe. Nous voulons prévenir des maladies potentiellement invalidantes comme le diabète... » L'opération a déjà enregistré 3 400 inscrits au programme personnalisé. Plus de la moitié ont, à ce jour, corrigé au moins une de leurs mauvaises habitudes alimentaires.

P. S.

L'essentiel

1 Pour lutter contre les risques d'obésité de leurs salariés, les entreprises disposent, aujourd'hui, d'une offre structurée, qui va de la diffusion d'informations à la prise en charge diététique.

2 Ces politiques recueillent l'adhésion des salariés et forgent une bonne image de l'entreprise.

3 L'amélioration du comportement alimentaire passera bientôt par des titres restaurant valables chez les marchands de fruits et légumes.